Migrants / réfugiés
Elba Rahmouni
La Convention de Genève du 28 juillet 1951 stipule que : « le terme de réfugié s'applique à toute personne craignant avec raison d'être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ". Si tous les réfugiés sont des migrants, tous les migrants ne sont pas des réfugiés. Selon la définition de l’ONU, un migrant est une personne née dans un pays et qui vit dans un autre pays pour une durée supérieure à un an, quelles qu’en soient les raisons. Un réfugié est une personne forcée de quitter son pays à cause d’une crise politique majeure : guerre, violences ethniques, etc. Il est d’abord demandeur d’asile et peut obtenir ensuite le statut de réfugié.L'application pratique de cette définition ou, en d’autres termes, la réponse à la question « qui est réfugié et non simplement migrant ? » a considérablement évolué depuis son adoption. Avec la fin de la guerre froide, les réfugiés ont perdu leur statut d'instrument du soft power occidental, tandis qu'avec la crise économique puis le terrorisme, l'hostilité aux migrants va croissant. Les représentations dominantes des mouvements migratoires amènent une partie croissante de la population européenne à considérer le migrant comme une menace et le réfugié comme un fardeau.
Les travaux du CRASH, s’appuient sur les sciences sociales et l’expérience de Médecins Sans Frontières. Ce dossier regroupe plusieurs publications (articles, tribunes, articles de blog, parutions presse, cahier du CRASH), de 1990 à aujourd’hui, qui recouvrent les deux grands objets d’étude suivants : Ne sont pas inclus dans ce dossier les articles traitants plus spécifiquement des réfugiés dans leur rapport aux différents conflits armés qu’ainsi à l’intervention, ou non intervention, de MSF dans ces différents contextes.La dichotomie entre politique d’hospitalité et politique migratoire. Droit d’asile, respect de la dignité humaine, respect du droit, devoir d’hospitalité, solidarité, accueil, etc., autant de notions qui se confrontent aux politiques migratoires de la plupart des États. Dans les textes de ce dossier, les membres du CRASH remettent en cause l’apparente clarté de la distinction entre migrants économiques et réfugiés fuyant la guerre, ainsi que l’idée selon laquelle l’aide qui leur est accordée aurait comme effet pervers d’augmenter le nombre des migrants (pull factor). Enfin, ils ne cessent de rappeler les violences, parfois policières, qui sont au cœur du quotidien des migrants. Par ailleurs, bien qu’ils partagent les critiques à l’encontre de l’accord conclu entre l’Union européenne et la Turquie (mars 2016), les membres du CRASH critiquent le refus de MSF de solliciter des fonds européens.
L’objet camp sous plusieurs angles.
1° Sa temporalité : accueil pérenne ou mise à l’abri ? Si le camp est souvent conçu comme une structure d’hébergement d’urgence, sa pérennisation devient courante.
2° Son fonctionnement : mise en sécurité vs liberté ? Au sein de ce régime d’exception que sont les camps, l’encadrement des autorités laisse-t-il une place à l’expression de la liberté des personnes dans les camps ?
3° Ses limites : vers une politique de « désencampement » ? Les camps, qui ne concernent désormais qu'un tiers des réfugiés dans le monde, dérivent parfois vers des camps de rétention ou de travail. Une réflexion est menée pour trouver des alternatives aux camps.
En Libye, les oubliés
02/03/2020Michaël Neuman a passé une dizaine de jours en Libye, auprès des équipes de Médecins Sans Frontières qui travaillent notamment dans des centres de détention pour migrants. De son séjour, il ramène les impressions suivantes qui illustrent le caractère lugubre de la situation des personnes qui y sont retenues, pour des mois, des années, et celle plus difficile encore de toutes celles victimes d'enlèvements et de tortures.
La raison humanitaire n’est pas la raison politique
11/07/2018Les associations humanitaires venant au secours des migrants en Méditerranée sont priées de les regarder se noyer, ou bien de les remettre à des trafiquants et tortionnaires. On ne compte plus les déclarations politiques, sondages, éditoriaux manifestant le durcissement général vis-à-vis des migrants africains et faisant des ONG de secours les complices objectifs des « passeurs». Ceux-ci organiseraient, a-t-on entendu, le départ des candidats à la migration en fonction de la présence des navires de secours, faisant des humanitaires les relais plus ou moins conscients d’une entreprise criminelle.
Les ONG ne sont pas les complices des passeurs
10/07/2018Des organisations humanitaires de secours en mer se retrouvent qualifiées de complice des trafiquants. Une accusation aussi absurde qu’inacceptable. Non seulement les opérations de secours en mer sauvent des personnes de la noyade, mais elles œuvrent à leur évacuation en situation de danger immédiat en Libye, rappelle MSF.
Mise à l’abri, hospitalité ou accueil des réfugiés : les ambiguïtés irrésolues du camp de La Linière
05/07/2017Suite au démantèlement du camp du Basroch, à Grande-Synthe, et à l’installation des réfugiés sur le nouveau camp de La Linière, au printemps 2016, Michaël Neuman et Franck Esnée ont souhaité revenir sur l'expérience de La Linière et sur l’objet « camp », sa nature et sa gestion. Cet article a été publié dans Alternatives Humanitaires, numéro 5 (juillet 2017).
Calais est devenue la cage d'un zoo
17/06/2017Cette tribune, initialement publiée par Le Monde.fr le 16 juin 2017, a été rédigée par Michaël Neuman et Corinne Torre, de Médecins sans Frontières, au terme de quelques jours d'activités et d'observation à Calais. Impressions poisseuses d'une situation sordide.
Lettre ouverte aux dirigeants de MSF qui refusent les fonds de l’UE
23/08/2016Trois mois après l'accord UE-Turquie sur les migrants, MSF a décidé, le 17 juin dernier, de renoncer aux fonds de l'UE afin de protester contre sa politique migratoire. Cette décision a entraîné des débats internes au sein de MSF.
Débat interne à MSF face à la politique migratoire de l’UE
05/07/2016Trois mois après l'accord UE-Turquie sur les migrants, l'ONG Médecins sans frontières a décidé, le 17 juin, de renoncer à tout financement de l'Union européenne et de ses États membres pour dénoncer leur politique migratoire « honteuse ».
MSF à Grande-Synthe : enseignements d’une improbable coalition d’acteurs
24/11/2016Cet article a été publié dans la revue Alternatives Humanitaires. Angélique Muller et Michaël Neuman opèrent un retour d'expérience sur l'action menée par Médecins Sans Frontières dans le cadre d'un projet d'assistance aux migrants dans la ville de Grande-Synthe.
De Dadaab à Calais : quelles alternatives au camp?
18/11/2016Entretien avec Rony Brauman et Michaël Neuman sur l'expérience de MSF dans les camps de réfugiés.
Aide humanitaire : effet pervers de la lutte contre les effets pervers
01/10/2008Fabrice Weissman réagit à la décision du Programme Alimentaire Mondial des Nations-Unies de distinguer déplacés et migrants économiques pour enrayer l'afflux de nouveaux arrivants dans les camps du Darfour.
L’aide ne crée pas le réfugié
01/09/2007Rony Brauman conteste l'idée selon laquelle l'aide serait un facteur déterminant des mouvements de populations.
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Réfugiés, go home !
01/04/1990Rony Brauman souligne les transformation de la conditions des réfugiés en Europe à la fin de la guerre froide.