Fabrice Weissman

Renoncer à agir en raison des dangers est un choix difficile pour tout acteur humanitaire : à titre individuel, pour les secouristes qui prennent la décision personnelle de refuser une mission qu'ils jugent trop risquée ; et à titre collectif, pour les organisations humanitaires dont la détermination à agir au milieu des crises les plus graves se transforme parfois en aveuglement face aux dangers encourus par leurs équipes. 

Depuis avril 2023, le Soudan est entré dans une spirale de violence sans précédent. Les supplétifs sur lesquels le pouvoir central s'était appuyé pour réprimer les rebellions de l'ouest et du sud du pays se sont rebellés contre leurs commanditaire, l'armée.

"Décoloniser la santé globale" est un mouvement d'opinion assez divers, bien représenté dans le secteur de l'aide internationale, y compris à Médecins Sans Frontières. Il dénonce la reproduction de rapports de domination coloniaux au sein des instances scientifiques et politiques en charge de la santé globale. Mais qu'est-ce exactement que la santé globale ?

Indépendance, neutralité, impartialité. Tels sont les principes censés guider l'action de Médecins Sans Frontières et des organisations humanitaires en général. C'est cette évidence que remet en cause Rony Brauman dans cet épisode enregistré à l’occasion d’une formation destinée aux cadres opérationnels de l'organisation en mai 2023. 

Gaza, Yémen, Nigéria… Les interactions entre humanitaires et militaires sont aujourd'hui régulées par des mécanismes dits de "déconfliction" censés mettre à l'abri des hostilités les installations et les déplacements des organismes d'aide.

Educateur spécialisé, juriste et militant des droits de l'homme, Dicko a rejoint Médecins Sans Frontières en 2020 comme "chargé de veille contextuelle". Sa mission : aider les équipes MSF à se déployer au Niger, au Burkina Faso, au Mali et au Nigéria, pays en proie à des conflits violents opposant leurs gouvernements à des mouvements armés se réclamant d'al-Qaida ou de l'Etat islamique.

Contestant l’idée selon laquelle les acteurs humanitaires peuvent agir à l’abris de la politique en vertu de leurs principes, ce chapitre soutient que la politisation de l’aide humanitaire est en réalité la condition première de son déploiement. Les acteurs humanitaires ne peuvent opérer que s’ils maintiennent un équilibre entre leurs intérêts et ceux des pouvoirs en place. Ce qui soulève une question éthique cruciale : Où placent-ils la frontière entre compromis et compromission ?

A partir d’une réflexion sur l’évolution des droits des patients, en particulier en France, Fabrice Weissman expose les lacunes de la médecine humanitaire en la matière et propose plusieurs pistes d’amélioration pour MSF.

Récit truffé de rebondissements et d’aléas, ce Cahier propose une plongée au cœur des événements, questions et difficultés petits et grands qui ont composé l’opération MSF au Borno (Nigéria) en 2015-2016.