Haïti: l’ONU va-t-elle indemniser les victimes de l’épidémie de choléra ?
06/02/2012Entretien avec Françoise Bouchet-Saulnier, directrice juridique de MSF
Entretien avec Françoise Bouchet-Saulnier, directrice juridique de MSF
Deux études scientifiques parues l'été dernier ont confirmé l'origine de l'épidémie de choléra qui a frappé Haïti en octobre 2010 : celle-ci a bien été provoquée par la présence d'une quantité massive de la bactérie Vibrio cholerae dans le delta de la rivière de l'Artibonite, en provenance des égouts du campement des soldats de la Minustah.
Dans « Viols d'hommes en temps de guerre : les hommes aussi », j'ai évoqué l'article de Will Storr, « The rape of men », publié par The Observer le 17 juillet 2011.
À la fin des années 1990, la mortalité due au virus de l’immunodéficience humaine (vih) est maîtrisée dans les pays à hauts revenus grâce à l’association de plusieurs antirétroviraux. Mais l’administration de ce traitement n’est pas prévue dans les plus importants foyers mondiaux.
Depuis le début des années 2000, plusieurs chercheurs de langue anglaise posent régulièrement la question suivante : pourquoi les organisations d'aide internationales prêtent-elles si peu attention aux viols d'hommes et de garçons commis dans des situations de conflit armé ?
Depuis plusieurs mois, les informations au sujet des disettes et des famines qui touchent de larges segments de la population d'Afrique orientale alimentent les appels aux dons des principaux organismes d'aide, publics comme privés.
Depuis le début des années deux-mille, la survenue de quatre épidémies d'hépatite E dans nos contextes d'intervention a relancé une réflexion sur la qualité de l'eau produite et distribuée aux populations par les organismes humanitaires.
L'épidémie de choléra qui sévit depuis près d'un mois à Haïti met en évidence la faiblesse du dispositif international de réponse à des épisodes aigus de ce type. Les violences dirigées contre les soldats de la Minustah, accusés par la rumeur publique d'être les vecteurs de cette maladie infectieuse, nous rappellent que les épidémies attisent les peurs.
A Haïti, la communauté internationale tente de juguler l'épidémie de choléra qui a déjà fait 300 morts et 4.000 personnes hospitalisées. Médecins Sans frontières notamment est sur place et le travail n'est pas facile car cette maladie fait très peur.
Dans une tribune publiée le 24 juillet dans Le Monde, Alain Deloche, président de la Chaîne de l'Espoir, lance un cri d'alarme déjà entendu à quelques reprises ces derniers temps : « la médecine gratuite est en train de détruire le système de santé en Haïti » écrit-il.
A partir de l'exemple du Niger, ce texte tente d'exposer les dilemmes d'une réponse médicale à la dénutrition juvénile quand cette dernière est à la fois fortement présente en permanence (endémie) et donne lieu à une aggravation saisonnière (épidémie) chaque année.
Ce texte est une postface au livre du Dr Irène Frachon Médiator, 150mg dont le sous-titre « Combien de morts ?», a été retiré à la suite d'une plainte du laboratoire Servier, producteur du médicaments incriminé. Rony Brauman y aborde la question du poids croissant des compagnies pharmaceutiques dans les décisions de santé publique.