Comment aider les victimes de guerre sans devenir la proie ou l’auxiliaire de leurs persécuteurs ?
Les acteurs humanitaires entretiennent des relations ambigües avec la violence de guerre. Cherchant à en atténuer la rigueur, ils participent à des degrés divers à sa production, tout en étant susceptible d’être frappés par elle. Les études réunies ici s’interrogent sur la façon dont les humanitaires cherchent à « humaniser » la guerre et à faire face aux risques d’être victimes ou complices des auteurs de violence.
Rony Brauman : "Israël risque de se transformer en repoussoir pour les Juifs de la diaspora"
26/04/2024Dans cet article paru dans Le Temps le 26 avril 2024, Rony Brauman estime qu'Israël est guidé à Gaza par une volonté de vengeance affirmée. Il y voit le reflet d'un pays tiraillé entre ses sentiments de toute-puissance et de grande vulnérabilité.
Rwanda : le génocide des Tutsis en 1994
05/04/2024Le 7 avril 1994 débuta au Rwanda l’extermination systématique des Tutsis. Une équipe chirurgicale MSF de cinq personnes arriva à Kigali le 13 avril. Jean-Hervé Bradol était membre de cette équipe. En Juillet-Août 1995, la revue Les Temps Modernes publia le n° 583 composé de quatorze articles traitant du génocide des Tutsis. Jean-Hervé contribua à ce numéro par un texte ayant pour titre Rwanda, avril-mai 1994, limites et ambiguïtés de l’action humanitaire. Crises politiques, massacres et exodes massifs (article achevé le 27 mars 1995). L’auteur participa aux convois d’ambulances dans plusieurs quartiers de Kigali, il fut confronté aux paroles et actes menaçant de tueurs miliciens qui tenaient des barrages dans la ville ; toujours à Kigali, il contribua au travail de l’équipe MSF dans un hôpital de campagne du CICR. Des actions humanitaires furent praticables à l’hôpital ; elles étaient dangereuses voire impossibles dans la ville, parsemée de tueurs et de militaires hostiles.
Liste de lecture Gaza, octobre 2023 – janvier 2024
15/01/2024Nous proposons ici la lecture d’articles publiés dans les médias entre le 14 octobre 2023 et le 10 janvier 2024 au sujet de la guerre Israël / Palestine par des intellectuels, des chercheurs et des journalistes, ainsi que deux témoignages d’écrivains palestiniens. Ces analyses permettent, nous semble-t-il, de mieux comprendre la situation tragique qui a cours en l’inscrivant dans une pluralité de dimensions : historique, démographique, politique et géopolitique.
Grand entretien inaugural sur les guerres humanitaires avec Rony BRAUMAN
05/01/2024Invité par Mémona Hintermann au Festival International de Géographie à Saint-Dié-des-Vosges en Septembre 2023, Rony Brauman revient sur son livre publié en 2018, "Guerres humanitaires ? Mensonges et intox". En évoquant plusieurs exemples d'interventions, notamment en Irak, en Libye ou encore au Kosovo, il critique l'obsession occidentale d’imposer les valeurs démocratiques, par l'usage d'un prétendu « droit d'ingérence » et en s’appuyant sur les critères de la « guerre juste », dont les guerres humanitaires n'en sont que la formulation contemporaine.
Israël-Palestine : un conflit mondialisé entre passé et présent colonial
18/11/2023Dans le journal Libération, Rony Brauman constate que le conflit israélo-palestinien suscite dans le monde entier des mobilisations sociales et des réactions passionnées, qu’aucun autre conflit armé ne connaît. À rebours d’une explication par une supposée judéophobie générale, il propose une lecture historique et politique de ce phénomène.
Patrick de Saint-Exupéry : un faussaire au Congo
27/10/2021Dans son livre, La Traversée. Une odyssée au cœur de l’Afrique, Patrick de Saint-Exupéry met en question la réalité de la traque et des massacres de réfugiés rwandais (hutus) fuyant l’avancée des troupes de l’Armée patriotique rwandaise et de leurs alliés congolais en 1996-97. Cet exercice de remise en cause systématique n’épargne pas MSF dont les équipes sont venues en aide en 1996-97 à ces réfugiés. Or MSF, témoin de première ligne du génocide commis à l’encontre de la population tutsi du Rwanda, fut également l’une des organisations ayant constaté l’intense violence exercée par le nouveau régime rwandais au Zaïre / RDC en 1996 et 1997 à l’encontre d’une population composée aux trois-quarts de femmes et d’enfants. Dans cette lettre, Mego Terzian, président de MSF-France, répond à l’auteur.
Violences extrêmes. Enquêter, secourir, juger République démocratique du Congo, Rwanda, Syrie
23/09/2021Durant ces dernières décennies, le Rwanda, la République démocratique du Congo et la Syrie ont été les terrains de situations de violences extrêmes. En tant que témoins, les auteurs de ce livre nous éclairent sur trois moments-clés qui jalonnent ces épisodes tragiques : l’enquête, le secours et la mise en place des procédures de justice menant au jugement.
MSF face aux dilemmes des enlèvements
18/09/2020Le 31 janvier s’est tenu à Sciences Po un colloque en soutien à Fariba Adelkhah et Roland Marchal, tous les deux chercheurs au Centre de recherches internationales de Sciences Po (CERI), arrêtés en Iran le 5 juin 2019. Roland Marchal a été libéré le 20 mars 2020 en échange de la libération d’un ingénieur iranien détenu en France. Fariba Adelkhah a été condamnée le 6 mai 2020 à 6 ans de réclusion pour « propagande contre le système politique de la République islamique et collusion en vue d’attenter à la sûreté nationale ». La chercheuse a refusé une libération conditionnelle contre l'arrêt de ses recherches.
Le colloque du 31 janvier a réuni diplomates, journalistes, humanitaires et chercheurs, dans le but de « nourrir la réflexion sur les prisonniers et les otages, d’un point de vue politique, juridique et éthique ». Fabrice Weissman y présentait l’expérience de Médecins Sans Frontières face aux enlèvements.
La fabrique d’une « crise humanitaire ». Le cas du conflit entre Boko Haram et le gouvernement nigérian (2010-2018)
30/04/2020La contre-offensive menée par l’armée nigériane contre Boko Haram à partir de 2015 a entraîné une catastrophe sanitaire parmi les populations civiles déplacées. Cette catastrophe n’a été reconnue que difficilement, après qu’une alliance instable se soit progressivement forgée entre certains acteurs nationaux – politiques et militaires – et certains acteurs humanitaires internationaux pour formuler et s’accorder sur le diagnostic d’une « crise humanitaire » et essayer d’y remédier. Cela a ainsi permis de rendre visibles certaines dimensions du conflit tout en en invisibilisant d’autres, à commencer par la brutalité de la contre-insurrection de l’armée nigériane.