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Conférence

Face aux violences de masse, quelles interprétations ?

Nicolas
Mariot

Nicolas Mariot, chercheur au CNRS, est spécialiste de sociologie historique. Il a travaillé, avec Claire Zalc, sur l’histoire de la communauté juive de Lens des années 1930 aux années 1950. Il s’agissait de retracer les itinéraires et choix d’un ensemble de 991 individus, 350 familles, face aux persécutions dont elles ont été l’objet. Il est l’un des co-organisateurs du séminaire « Histoire et historiographie de la Shoah » à l’EHESS. Il s’est intéressé depuis aux rapports sociaux dans les tranchées de la Grande Guerre. Nicolas Mariot travaille actuellement sur une étude comparée des violences de masse au XXe siècle.

La conférence-débat s'est déroulée jeudi 3 octobre 2019 de 18h00 à 20h00 dans la salle du 1er à MSF, au 8 rue Saint-Sabin.
 
Comment des hommes ordinaires se transforment-ils en tueurs ? L’équipe du CRASH a organisé une conférence-débat en présence de Nicolas Mariot, sociologue et historien. Il a notamment publié : « Faut-il être motivé pour tuer ? Sur quelques explications aux violences de guerre » (Genèses, n°53, 2003, p. 154-177) et les livres Face à la persécution. 991 Juifs dans la guerre (avec Claire Zalc, Paris, Odile Jacob, 2010), Tous unis dans la tranchée ? 1914-1918, les intellectuels rencontrent le peuple (Paris, Seuil, 2013). Le chercheur a restitué les controverses entre deux courants interprétatifs mobilisés dans les études et enquêtes consacrées aux violences de masse du XXème siècle. 
 
D’une part l’approche culturaliste : celle-ci privilégie une interprétation des massacres par des motivations haineuses liées au racisme, à l’antisémitisme, au nationalisme, au fondamentalisme, etc. Enracinant l’engagement des tueurs dans une culture de la haine, cette explication est convaincante pour un large public. Certains journalistes et personnalités politiques y trouvent une caution scientifique à une vision du monde réduisant les violences de masse (en Syrie, en République Centrafricaine, au Soudan du Sud par exemple) à des conflits identitaires entre groupes radicalisés qui s’opposeraient du seul fait de leurs différences culturelles, ethniques, religieuses, etc.  
 
D’autre part l’approche dite situationnelle : celle-ci s’intéresse au déroulement des massacres à des endroits et des moments précis. Sans nier le rôle des passions, elle met en lumière les logiques politiques, les effets de groupe, les conditionnements collectifs pouvant transformer des hommes ordinaires en tueurs : les pressions du groupe de « copains », les solidarités locales ou familiales, les rivalités micro-locales, etc.
 
Ces débats concernent directement les analyses des situations où nous intervenons.

Pour citer ce contenu :
Nicolas Mariot, « Face aux violences de masse, quelles interprétations ? », 3 octobre 2019, URL : https://msf-crash.org/fr/rencontres-debats/face-aux-violences-de-masse-quelles-interpretations

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Événements passés

Justine Brabant et Michael Neuman en conférence Conférence

Justine Brabant "Qu’on nous laisse combattre et la guerre finira. Avec les combattants du Kivu"

27/06/2016 - 12h30 18h30 Michaël Neuman Justine Brabant

Justine Brabant est chercheuse et journaliste. Depuis plusieurs années, elle parcourt les territoires de la République Démocratique du Congo, principalement à l'Est du pays, pour un travail de recherche sur les combattants des guerres des Kivus. Elle est venue parler de son livre, récemment paru aux Editions de la Découverte, Qu'on nous laisse combattre et la guerre finira. Avec les combattants du Kivu lors d'une conférence du CRASH, organisée le 27 juin 2016.

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Michaël Neuman durant une conférence du Crash Conférence

Eyal Weizman - Présentation de « Forensic Architecture »

15/02/2016 - 18h00 20h30 Michaël Neuman

Eyal Weizman, le fondateur de « Forensic Architecture », au Goldsmiths college de l'Université de Londres est venu présenter le projet ainsi qu'un certain nombre de ses réalisations lors d'une conférence du Crash, organisée le 2 juillet 2015.

À l'intersection de la cartographie et de l'analyse d'images, de l'expertise judiciaire et de l'architecture, là où s'exerce une violence d'État, la « Forensic Architecture » éclaire les notions de crimes en faisant de « l'espace » un espace de preuve.

Eyal Weizman a particulièrement travaillé sur les Territoires palestiniens et l'occupation israélienne. Il a notamment analysé l'architecture de la colonisation en tant que technologie de surveillance, réfléchi à la convergence entre intérêts politiques, militaires et humanitaires, travaillé à la reconstitution d'attaques aériennes à partir de l'examen des images de décombres. Si le thème n'est pas nouveau, son traitement, en revanche, renouvelle complètement la réflexion.

La conférence s'est tenue en anglais.

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Guillaume Lachenal Conférence

"Le médicament qui devait sauver l’Afrique"

07/02/2015 - 12h30 18h30 Michaël Neuman

Guillaume Lachenal, historien de la médecine, dresse une lumineuse « anthropologie de la bêtise coloniale » dans son récent ouvrage 'Le médicament qui devait sauver l'Afrique, un scandale pharmaceutique aux colonies' paru en octobre 2014. La Lomidine, alors considérée par les autorités coloniales comme un remède miracle contre la maladie du sommeil, a été massivement utilisée au cours de campagnes d'injection supposées contribuer à éradiquer la trypanosomiase... malgré la découverte de l'inefficacité et de la dangerosité de la molécule.

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conférence sur le danger et la sécurité Conférence

Perception du danger et gestion de la sécurité

28/03/2014 - 12h30 18h30 Bertrand Taithe

On assiste depuis une quinzaine d'années, à un mouvement de professionnalisation de la sécurité humanitaire : développement de départements ou de référents « sécu », mise en place de bases de données, création de réseaux d'experts, diffusion de guidelines, multiplication des formations, émergence d'un champ académique et d'un marché de la sécurité (et de l'assurance) humanitaires, etc. Cette spécialisation professionnelle est généralement justifiée par "l'obligation morale et légale" des organisations humanitaires de prendre toutes les mesures raisonnables pour garantir la sécurité de leurs membres censés faire face à de "nouvelles menaces".

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conférence-débat sur les effets de la polio Conférence

L’éradication de la polio à l’épreuve des faits

04/02/2014 - 12h30 18h30 Claire Magone

La campagne d'éradication de la polio a permis en 25 ans une diminution spectaculaire du nombre de cas de poliomyélite dans le monde. Mais les difficultés actuelles rencontrées par le Programme - foyers de résistance sociale dans plusieurs pays, réinfection de certains pays, épidémies associées à des souches de poliovirus dérivés du vaccin - interrogent la validité de l'une des hypothèses se trouvant au fondement même de la campagne d'éradication : l'adhésion totale et entière d'une population à une mesure de santé publique, quels qu'en soient les bienfaits.

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Présentation de l’ouvrage "Agir à tout prix ? Négociations humanitaires, l’expérience de Médecins Sans Frontières" Conférence

Agir à tout prix ? Négociations humanitaires, l’expérience de MSF

14/11/2011 - 12h30 18h30 Claire Magone Michaël Neuman Fabrice Weissman

A l'occasion de son quarantième anniversaire, Médecins Sans Frontières dévoile dans l'ouvrage Agir à tout prix ? son expérience des négociations humanitaires. Récusant l'idée que « l'espace humanitaire se rétrécit », ce livre retrace l'évolution des ambitions de MSF, des obstacles qu'elle a rencontré et des stratégies politiques ayant permis (ou non) de les surmonter. 

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