Responsable de l'unité de recherche de l'UREPH (Unité de recherche sur les enjeux et les pratiques humanitaires) de Médecins Sans Frontières (MSF) Genève, Suisse)
Dans cet article pour le Humanitarian Practice Network, Françoise Duroch, responsable de l'Unité de recherche sur les enjeux et les pratiques humanitaires (UREPH) de MSF Genève, et Michaël Neuman, directeur d'études au Centre de réflexion sur l’action et les savoirs humanitaires (CRASH), abordent les raisons et les implications de la pratique croissante du profilage du personnel au sein de MSF.
En octobre 2020, MSF a organisé à Dakar au Sénégal un atelier sur le profilage du personnel dans les opérations au Sahel. Le profilage consiste à sélectionner le personnel en incluant des critères non professionnels tels que la nationalité, la couleur de la peau, le sexe et la religion. À ce titre, cette pratique soulève un certain nombre de questions d’ordre éthiques et pratiques. Le profilage a conduit à ce que des ressortissants des Etats-Unis ne soient pas déployés dans les opérations de MSF en Colombie par risque d'enlèvement ou à ce que des Tchadiens et des Rwandais ne le soient pas en République centrafricaine et dans l'Est de la République démocratique du Congo respectivement, en raison de conflits régionaux. Le recours au profilage a augmenté ces dernières années en particulier dans les pays d’intervention en Afrique de l'Ouest, la menace d'enlèvement d'Occidentaux par des groupes djihadistes radicaux s'étant intensifiée.