
Boucliers humains. Quand le droit humanitaire se retourne contre les victimes de guerre
Neve Gordon & Nicola Perugini
Nous avons le plaisir de vous inviter à une conférence intitulée « Boucliers humains. Quand le droit humanitaire se retourne contre les victimes de guerre » , le jeudi 12 juin 2025 à 18h30, au siège de MSF, 34 avenue Jean Jaurès, 75019 Paris. Nous recevrons Neve Gordon et Nicola Perugini. La conférence se déroulera en anglais, un service de traduction simultanée en français sera proposé via des casques dans la salle. Le streaming sera disponible en français sur cette page et en anglais ici.
INSCRIPTION (CI-DESSOUS) OBLIGATOIRE POUR LES PERSONNES HORS MSF.
"Même la guerre a des règles". C'est le slogan brandi par MSF, les Nations unies et le CICR pour protester contre le bombardement de structures de santé et le massacre de civils à Gaza et dans de nombreux autres conflits. "Oui, la guerre a des règles", rétorque en substance, l'armée israélienne, mais en l'occurrence, c'est le Hamas qui les viole en utilisant les hôpitaux et la population comme "bouclier humain". A ce titre, les forces armées israéliennes ne se rendent coupables d'aucun crime en provoquant la mort "accidentelle" de civils, de blessés et de soignants dans sa lutte contre les auteurs des atrocités du 7 octobre.
S'il n'est pas nouveau, ce raisonnement est poussé à l'extrême par le gouvernement israélien dont la propagande invoque le droit humanitaire international pour justifier ses violences génocidaires contre la population palestinienne. De fait soulignent Neve Gordon et Nicola Perugini, le droit humanitaire international (DIH) n'offre pas de protection inconditionnelle aux structures de santé et aux non-combattants, a fortiori lorsqu'ils sont décrits comme des "boucliers humains". Ces derniers peuvent être bombardés, dès lors que "les nécessités militaires" le justifient et que des "précautions" ont été prises pour éviter un nombre de victimes collatérales "excessif par rapport à l’avantage militaire attendu".
Dans ces conditions, appeler au respect du droit international humanitaire pour protester contre le bombardement des hôpitaux et de civils n'est-il pas contre-productif ? En pratique, le DIH n'est-il pas l'allié des Etats les plus puissants, autorisant les violences de guerre contre les populations désarmées ? A quel point le consentement des Etats européens au retournement du DIH contre les victimes de guerre à Gaza constitue-t-il un tournant ? Comment renforcer le cadre normatif protégeant les hôpitaux et les civils dans les conflits et augmenter le coût politique des violences de masse ?
Telles sont les questions dont nous discuterons jeudi 12 juin à partir de 18h30 avec Neve Gordon et Nicola Perugini. Neve Gordon est ancien directeur de Physicians for Human Rights. Il enseigne aujourd'hui le droit international à Queen Mary University of London. Nicola Perugini est professeur de relations internationales à l'Université d'Edinburgh. Tous deux ont publié en 2020 : Human Shields. A History of People in the Line of Fire (University of California Press 2020).
Références :
- Neve Gordon, Nicola Perugini, ‘Hospital Shields’ and the Limits of International Law Free, in European Journal of International Law, Volume 30, Issue 2, May 2019, Pages 439–463 : https://academic.oup.com/ejil/article/30/2/439/5536724
- Neve Gordon, Nicola Perugini, Human Shields. A History of People in the Line of Fire (University of California Press 2020)
- Neve Gordon, Nicola Perugini, A Legal Justification for Genocide?, July 17, 2024 : https://jewishcurrents.org/human-shields-gaza-israel-a-legal-justification-for-genocide
Formulaire d'inscription conférence du Crash du : Jeudi 12 juin 2025
(uniquement pour les personnes hors MSF)
Pour citer ce contenu :
Neve Gordon, Nicola Perugini, « Boucliers humains. Quand le droit humanitaire se retourne contre les victimes de guerre », 12 juin 2025, URL : https://msf-crash.org/fr/rencontres-debats/boucliers-humains-quand-le-droit-humanitaire-se-retourne-contre-les-victimes-de
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« Guerres humanitaires ? Mensonges et Intox » - Débat avec Rony Brauman
06/03/2018 - 18h00 20h00Dans son livre "Guerres humanitaires ? Mensonges et Intox", Rony Brauman analyse les guerres contemporaines menées au nom de l’humanitaire, les guerres dites « justes ». C’est donc l’occasion de revenir sur les mensonges ayant permis de justifier certaines interventions internationales, notamment en Somalie, au Kosovo et en Libye, toutes trois qualifiées d'humanitaires. Rony Brauman soumet également au lecteur une approche critique du droit international humanitaire et de ses usages.

Anthropologie humanitaire : rencontre avec Sharon Abramowitz
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La politique de la peur, MSF et l'épidémie d'Ebola
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Justine Brabant "Qu’on nous laisse combattre et la guerre finira. Avec les combattants du Kivu"
27/06/2016 - 14h30 20h30Justine Brabant est chercheuse et journaliste. Depuis plusieurs années, elle parcourt les territoires de la République Démocratique du Congo, principalement à l'Est du pays, pour un travail de recherche sur les combattants des guerres des Kivus. Elle est venue parler de son livre, récemment paru aux Editions de la Découverte, Qu'on nous laisse combattre et la guerre finira. Avec les combattants du Kivu lors d'une conférence du CRASH, organisée le 27 juin 2016.

Eyal Weizman - Présentation de « Forensic Architecture »
15/02/2016 - 19h00 21h30Eyal Weizman, le fondateur de « Forensic Architecture », au Goldsmiths college de l'Université de Londres est venu présenter le projet ainsi qu'un certain nombre de ses réalisations lors d'une conférence du Crash, organisée le 2 juillet 2015.
À l'intersection de la cartographie et de l'analyse d'images, de l'expertise judiciaire et de l'architecture, là où s'exerce une violence d'État, la « Forensic Architecture » éclaire les notions de crimes en faisant de « l'espace » un espace de preuve.
Eyal Weizman a particulièrement travaillé sur les Territoires palestiniens et l'occupation israélienne. Il a notamment analysé l'architecture de la colonisation en tant que technologie de surveillance, réfléchi à la convergence entre intérêts politiques, militaires et humanitaires, travaillé à la reconstitution d'attaques aériennes à partir de l'examen des images de décombres. Si le thème n'est pas nouveau, son traitement, en revanche, renouvelle complètement la réflexion.
La conférence s'est tenue en anglais.

"Le médicament qui devait sauver l’Afrique"
07/02/2015 - 13h30 19h30Guillaume Lachenal, historien de la médecine, dresse une lumineuse « anthropologie de la bêtise coloniale » dans son récent ouvrage 'Le médicament qui devait sauver l'Afrique, un scandale pharmaceutique aux colonies' paru en octobre 2014. La Lomidine, alors considérée par les autorités coloniales comme un remède miracle contre la maladie du sommeil, a été massivement utilisée au cours de campagnes d'injection supposées contribuer à éradiquer la trypanosomiase... malgré la découverte de l'inefficacité et de la dangerosité de la molécule.