Réfugiés rohingyas : que peut MSF ?
Emilie Medeiros, Eloïs Voisin & Raphaël Torlach
Emilie Medeiros est psychologue clinicienne et titulaire d'un doctorat en anthropologie psychologique. Elle est la fondatrice de Manas, qui vise à fournir des éléments de compréhension sur les dimensions psychologiques de la production des violences de masse. Elle est l’une des principales autrices d’un rapport de recherche sur les conséquences physiques et psychosociales à long terme des violences sexuelles et sexistes génocidaires commises par l’armée du Myanmar à l’encontre des Rohingyas lors de sa campagne de 2017.
Dr Eloïs Voisin est sociologue, affilié au Centre de recherche des études sociologiques et politiques de Paris. Ses recherches portent sur les violences de genre à l’encontre des Rohingyas en Birmanie/Myanmar, en Malaisie et au Bangladesh, dans le contexte des migrations forcées et des situations humanitaires. Eloïs a été responsable de mission à Médecins du Monde (2020-2023) pour les projets de l’organisation au Bangladesh et est l’auteur de « As Husband I must be violent », un article portant sur le continuum de la violence dans les migrations forcées et les politiques militarisées.
Raphaël Torlach est un ancien chef de mission de MSF au Bangladesh, où il a supervisé les projets de l’organisation pour les Rohingyas pendant un an jusqu’en janvier 2024. Raphaël a rejoint MSF en 2015.
Le jeudi 4 avril 2024 à 18h30, l'équipe du CRASH a eu le plaisir d'accueillir Emilie Medeiros, Eloïs Voisin et Raphaël Torlach pour une conférence sur la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. La rencontre a été animée par Michaël Neuman.
Cette conférence fait également l'objet d'un podcast, que vous pouvez retrouver sur cette page.
Depuis la fin des années 1970, la minorité musulmane Rohingya a subi des vagues de répression et de violence, les obligeant à fuir à plusieurs reprises vers le Bangladesh voisin. En 2017, plus de 700 000 Rohingyas ont trouvé refuge dans le district de Cox's Bazar, suite à une campagne militaire d'une intensité sans précédent ; ils ont rejoint plus de 200 000 réfugiés des exodes passés. En 2023, on comptait plus d'un million de réfugiés, répartis dans une myriade de camps dans le sud du pays, dont le plus grand camp de réfugiés au monde. Cette population représente plus d'un tiers de la population totale des Rohingyas, qui se répartit entre la Malaisie, l'Inde, le Pakistan, l'Arabie saoudite et le Myanmar.
Dépossédés de leur nationalité par le gouvernement birman, empêchés de s'intégrer au Bangladesh et confrontés à la xénophobie, victimes de groupes politico-criminels dans les camps et subissant une baisse rapide des financements humanitaires, l'avenir des Rohingyas est incertain. Sont-ils menacés d'extinction ? La caractérisation de leur situation fait débat : la Gambie a déposé une requête introductive d'instance devant la Cour internationale de justice en novembre 2019, alléguant que l'armée du Myanmar a commis des actes génocidaires dans le cadre des opérations militaires lancées en octobre 2016 et août 2017 dans l'État de Rakhine. Pour certains, le génocide continue. Pour d'autres, c'est la dilution de leur identité qui est la question centrale pour les Rohingyas, que les autorités birmanes transforment en allogènes à renvoyer chez eux.
MSF travaille avec les populations rohingyas depuis la fin des années 1970, non seulement au Bangladesh mais aussi au Myanmar et en Malaisie. De 2017 à 2023, l’association a consacré 233 millions d'euros à des projets médicaux et humanitaires en leur faveur. Pourtant, sa capacité à prendre en charge les besoins sanitaires de cette population est clairement insuffisante, tout comme celle d'un système humanitaire incapable de faire mieux que d’assurer la survie biologique de ces populations.
Emilie Medeiros est psychologue clinicienne et titulaire d'un doctorat en anthropologie psychologique. Elle est la fondatrice de Manas, qui vise à fournir des éléments de compréhension sur les dimensions psychologiques de la production des violences de masse. Elle est l’une des principales autrices d’un rapport recherche sur les conséquences physiques et psychosociales à long terme des violences sexuelles et sexistes génocidaires commises par l’armée du Myanmar à l’encontre des Rohingyas lors de sa campagne de 2017.
Dr Eloïs Voisin est sociologue, affilié au Centre de recherche des études sociologiques et politiques de Paris. Ses recherches portent sur les violences de genre à l’encontre des Rohingyas en Birmanie/Myanmar, en Malaisie et au Bangladesh, dans le contexte des migrations forcées et des situations humanitaires. Eloïs a été responsable de mission à Médecins du Monde (2020-2023) pour les projets de l’organisation au Bangladesh et est l’auteur de « As Husband I must be violent », un article portant sur le continuum de la violence dans les migrations forcées et les politiques militarisées.
Raphaël Torlach est un ancien chef de mission de MSF au Bangladesh, où il a supervisé les projets de l’organisation pour les Rohingyas pendant un an jusqu’en janvier 2024. Raphaël a rejoint MSF en 2015.
Pour citer ce contenu :
Emilie Medeiros, Eloïs Voisin, Raphaël Torlach, « Réfugiés rohingyas : que peut MSF ? », 4 avril 2024, URL : https://msf-crash.org/fr/rencontres-debats/refugies-rohingyas-que-peut-msf
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