Vue de l'intérieur de l'hôpital MSF à Kunduz, après son bombardement, octobre 2015
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Guerres humanitaires? Mensonges et intox - Entretien avec Rony Brauman

Rony Brauman
Rony
Brauman

Médecin, diplômé de médecine tropicale et épidémiologie. Engagé dans l'action humanitaire depuis 1977, il a effectué de nombreuses missions, principalement dans le contexte de déplacements de populations et de conflits armés. Président de Médecins Sans Frontières de 1982 à 1994, il enseigne au Humanitarian and Conflict Response Institute (HCRI) et il est chroniqueur à Alternatives Economiques. Il est l'auteur de nombreux ouvrages et articles, dont "Guerre humanitaires ? Mensonges et Intox" (Textuel, 2018),"La Médecine Humanitaire" (PUF, 2010), "Penser dans l'urgence" (Editions du Seuil, 2006) et "Utopies Sanitaires" (Editions Le Pommier, 2000).

Olivier
Falhun

Ancien rédacteur en chef du blog Issuesde secours, Olivier Falhun a travaillé au Crash avant de rejoindre le département communication de MSF. 

Rony Brauman vient de faire paraître « Guerres humanitaires ? Mensonges et intox ». Rédigé sous forme d’entretiens avec Régis Meyran, ce livre revient sur plusieurs interventions armées récentes qui ont en commun d’être placées sous le signe du sauvetage. De la Somalie à la Libye en passant par le Kosovo, l’Afghanistan et l’Irak, R. Brauman revient sur les raisons avancées pour justifier ces guerres et il en détaille les mensonges. Il s’en explique dans un entretien accordé au site d’informations Médiapart.

La question du droit humanitaire occupe une place cruciale dans sa critique. S’il ne rejette pas la notion en bloc, Rony Brauman rappelle que le droit humanitaire est d’abord le produit d’une logique de guerre. Sous un certain angle, il doit donc d’après lui être considéré comme un permis de tuer, une nécro-éthique, expression qu’il emprunte à Grégoire Chamayou, auteur de Théorie du drone.

Parce que le droit humanitaire éclipse les réalités humaines, les ONG seraient mieux inspirées de moins s’y adosser, nous dit aussi Rony Brauman. A contre-pente d’une tendance qui n’épargne pas MSF quand l’ONG rappelle que « même la guerre a des règles », il plaide ainsi pour un usage plus restrictif du droit humanitaire. C’est sur cette partie du livre que nous avons orienté l’entretien que vous trouverez ci-après.