L’inégalité nuit gravement à la santé
Rony Brauman
L'objectif principal, consensuel s'il en est, des "objectifs du millénaire" de l'ONU est l'élimination de la pauvreté. Il s'agit d'en finir avec l'analphabétisme, d'assurer l'accès à l'eau potable et à l'éducation, de réduire la mortalité maternelle et infantile, autant de buts apparemment incontestables.
On peut en effet approuver l'idée de redistribuer des richesses sous forme de services à ceux qui en sont privés - c'est la raison d'être de la plupart des ONG - sans pour autant se retrouver dans le consensus politique qui en est à l'arrière-plan.
La pauvreté, mesurée par divers indices (revenus, accès à des services), ne se définit en réalité que relativement à la richesse et non dans l'absolu. Nous sentons intuitivement que le dépouillement matériel n'est insupportable que par comparaison avec l'abondance. Des travaux de recherche (notamment sur la biologie du stress Richard Wilkinson, "L'inégalité nuit gravement à la santé", Ed. Cassini, Paris, 2002.) étayent cette perception, montrant que le sentiment d'infériorité sociale entraîne une anxiété chronique, elle-même à l'origine de diverses pathologies.
C'est pourquoi le creusement jusqu'au vertige du fossé entre riches et pauvres qui est la marque de ces trente dernières années dans le monde appelle d'autres réponses que celles du conservatisme compassionnel sous-tendant les objectifs du millénaire. L'amélioration du sort de l'humanité passe moins par la réduction de la pauvreté que par la lutte contre les inégalités. Pour que les pauvres soient moins pauvres, il faut que les riches soient moins riches.
Pour citer ce contenu :
Rony Brauman, « L’inégalité nuit gravement à la santé », 23 septembre 2010, URL : https://msf-crash.org/fr/blog/acteurs-et-pratiques-humanitaires/linegalite-nuit-gravement-la-sante
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