De la possibilité de contrôler un foyer épidémique de VIH
Elba Rahmouni, Pierre Mendiharat & Léon Salumu Luzinga
Chargée de diffusion au CRASH depuis avril 2018, Elba est diplômée d’un master recherche en histoire de la philosophie classique et d’un master professionnel en conseil éditorial et gestion des connaissances numériques. Lors de ses études, elle a travaillé sur des questions de philosophie morale et s’est intéressée notamment à la nécessité pratique et à l’interdiction morale, juridique et politique du mensonge chez Kant.
Responsable des programmes à Médecins Sans Frontières, Centre opérationnel de Paris (OCP)
Cet article est paru pour la première fois dans le n°18 de la revue Alternatives Humanitaires.
Conçu dans la perspective de diminuer l’incidence du VIH/sida dans un district kenyan, un projet de Médecins Sans Frontières est parvenu à dépasser le fameux objectif des « 3 x 90 » fixé par l’ONUSIDA. Retour sur des résultats encourageants qui ne signifient pas pour autant, que l’épidémie prendra fin d’ici 2030, selon les auteurs de cet article Pierre Mendiharat, directeur adjoint des opérations de MSF France, et Léon Salumu Luzinga, responsable des programmes à MSF France, interviewés par Elba Rahmouni.
Malgré une forte mobilisation internationale au cours des dernières décennies qui a permis des avancées significatives dans la lutte contre le virus de l’immunodéficience humaine/syndrome d’immunodéficience acquise (VIH/sida), la maladie continue de tuer massivement. C’est le cas dans le district rural de Ndhiwa, dans le comté de Homa Bay au Kenya Depuis la décentralisation du pouvoir mise en place dans le cadre de la nouvelle constitution adoptée en 2010, le Kenya est constitué de 47 comtés, eux-mêmes divisés en districts. Ainsi, l'ancienne province de Nyanza, située dans le sud-ouest du Kenya au bord du lac Victoria, comprend le comté de Homa Bay qui regroupe lui-même huit districts, dont celui de Ndhiwa.. Alors qu’il n’existe encore ni remède définitif ni vaccin, le Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) s’est fixé l’objectif ambitieux de mettre fin à l’épidémie d’ici à 2030, notamment grâce à la stratégie dite des « 3 x 90 » (ou « cascade de soins ») : il faudrait que 90 % des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut ; que 90 % des personnes connaissant leur statut reçoivent des antirétroviraux (ARV) et que 90 % des personnes sous ARV aient une charge virale indétectable. Ces hypothèses audacieuses ont été mises à l’épreuve dans un projet pilote de cinq années, lancé en juin 2014 par Médecins Sans Frontières (MSF) et le ministère de la Santé kenyan dans le district de Ndhiwa. Là, l’étude Ndhiwa HIV Impact in Population Survey 1 (NHIPS 1) menée par le centre d’épidémiologie de MSF (Épicentre) en 2012 avait déjà mis en évidence des chiffres d’incidence et de prévalence du VIH parmi les plus élevés au monde. Six ans plus tard, une nouvelle étude Épicentre, NHIPS 2Médecins Sans Frontières, VIH : l’amélioration de la prise en charge a fait chuter la proportion des personnes infectées dans l’un des foyers les plus touchés au monde, 24 novembre 2020, https://www.msf.fr/communiques-presse/vih-l-amelioration-de-la-prise-en-charge-a-fait-chuter-la-proportion-des-personnes-infectees-dans-l-un-des-foyers-les-plus, a démontré que l’objectif des « 3 x 90 » avait été dépassé. Au regard de l’incidence en nette diminution, mais toujours élevée, s’agit-il vraiment d’un succès ?
Pour citer ce contenu :
Elba Rahmouni, Pierre Mendiharat, Léon Salumu Luzinga, « De la possibilité de contrôler un foyer épidémique de VIH », 14 novembre 2021, URL : https://msf-crash.org/fr/medecine-et-sante-publique/de-la-possibilite-de-controler-un-foyer-epidemique-de-vih
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