occupation militaire https://msf-crash.org/index.php/fr fr Gaza : vivre et laisser maigrir https://msf-crash.org/index.php/fr/blog/guerre-et-humanitaire/gaza-vivre-et-laisser-maigrir <div class="field field--name-field-publish-date field--type-datetime field--label-inline clearfix"> <div class="field__label">Date de publication</div> <div class="field__item"><time datetime="2012-11-14T12:00:00Z" class="datetime">14/11/2012</time> </div> </div> <span class="field field--name-uid field--type-entity-reference field--label-hidden"><span lang="" about="/index.php/fr/user/1" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">babayaga</span></span> <span class="field field--name-created field--type-created field--label-hidden">mer, 11/14/2012 - 02:00</span> <div class="field field--name-field-tags field--type-entity-reference field--label-hidden field__items"> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/plomb-durci" hreflang="fr">plomb durci</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/hamas" hreflang="fr">Hamas</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/gaza" hreflang="fr">Gaza</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/occupation-militaire" hreflang="fr">occupation militaire</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/blocus" hreflang="fr">blocus</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/flotille-de-gaza" hreflang="fr">flotille de Gaza</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/malnutrition" hreflang="fr">malnutrition</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/effets-pervers-et-limites-de-laide" hreflang="fr">effets pervers et limites de l&#039;aide</a></div> </div> <details class="field--type-entity-person js-form-wrapper form-wrapper"> <summary role="button" aria-expanded="false" aria-pressed="false">Michaël Neuman</summary><div class="details-wrapper"> <div class="field--type-entity-person js-form-wrapper form-wrapper field field--name-field-authors field--type-entity-reference field--label-hidden field__items"> <div class="field__item"> <article data-history-node-id="3257" role="article" about="/index.php/fr/michael-neuman" class="node node--type-person node--view-mode-embed"> <div class="node__content"> <div class="group-person-profil"> <div class="group-person-image-profil"> <div class="field field--name-field-image field--type-image field--label-hidden field__item"> <img src="/sites/default/files/styles/profile_image/public/2017-04/DSCF4167%20copie_0.jpg?itok=uJXHTXNJ" width="180" height="230" alt="Michaël Neuman" typeof="foaf:Image" class="image-style-profile-image" /> </div> </div> <div class="group-person-content"> <div class="group-person-firstname-lastname"> <div class="field field--name-field-firstname field--type-string field--label-hidden field__item">Michaël</div> <div class="field field--name-field-lastname field--type-string field--label-hidden field__item">Neuman</div> </div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field__item"><p>Directeur d'études au Crash depuis 2010, Michaël Neuman est diplômé d'Histoire contemporaine et de Relations Internationales (Université Paris-I). Il s'est engagé auprès de Médecins sans Frontières en 1999 et a alterné missions sur le terrain (Balkans, Soudan, Caucase, Afrique de l'Ouest notamment) et postes au siège (à New York ainsi qu'à Paris en tant qu'adjoint responsable de programmes). Il a également participé à des projets d'analyses politiques sur les questions d'immigration. Il a été membre des conseils d'administration des sections française et étatsunienne de 2008 à 2010. Il a codirigé "Agir à tout prix? Négociations humanitaires, l'expérience de MSF" (La Découverte, 2011) et "Secourir sans périr. La sécurité humanitaire à l'ère de la gestion des risques" (CNRS Editions, 2016).</p> </div> <div class="same-author-link"><a href="/index.php/fr/michael-neuman" class="button">Du même auteur</a> </div> </div> </div> </article> </div> </div> </div> </details> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p>En octobre dernier, le ministre de la défense israélien s'est résolu à <a href="http://www.guardian.co.uk/world/2012/oct/17/israeli-military-calorie-limit-gaza" target="_blank">déclassifier</a> sur injonction judiciaire des documents datant de janvier 2008. Ces archives concernent la mise en œuvre de l'embargo décidé contre Gaza en 2007, après la prise de contrôle du territoire par le Hamas. Dans ce cadre, seuls certains produits de première nécessité et l'aide humanitaire étaient autorisés à entrer dans la bande de Gaza. Intitulés "Consommation alimentaire dans la Bande de Gaza - Lignes rouges", <a href="http://humanitaire.blogs.liberation.fr/msf/2012/10/www.gisha.org/UserFiles/File/publications/redlines/redlines-position-paper-eng.pdf" target="_blank">ces documents</a> ont été obtenus grâce à l'acharnement judiciaire de l'organisation israélienne de défense des droits de l'homme Gisha. Reflétant les discussions entre les services de sécurité israéliens et le ministère de la Santé, ils révèlent les exercices auxquels se sont livrées les autorités pour calculer le plus précisément possible le volume d'aide à laisser passer afin que la population gazouie ne soit pas victime de malnutrition.</p> <p>L'unité du ministère israélien de la Défense chargée de la coordination des activités gouvernementales dans les Territoires palestiniens (Cogat) explique que les recommandations contenues dans ces documents n'ont jamais été mises en œuvre. Cependant, il apparaît que les autorités israéliennes ont développé des calculs savants afin de garantir à la population gazouie le minimum nécessaire, ni plus, ni moins, « dans l'intention d'éviter une crise humanitaire ». En l'occurrence, le document tente de déterminer comment fournir 2279 calories par jour en moyenne à chaque habitant de Gaza - des chiffres conformes aux recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Le porte-parole du ministère de la défense le Major Guy Inbar l'explique ainsi : « Une formule mathématique a été mise en place pour identifier les besoins alimentaires et empêcher une crise humanitaire à Gaza ». Entre autres considérations, le document établit la quantité de viande, de farine nécessaire à chacun ; un nombre total de camions y est défini, duquel est soustrait l'équivalent, en nombre de camions, des biens agricoles produits sur place. Rappelons ici que les recommandations sur le seuil de calories nécessaires à un individu porte sur un minimum fixé par l'OMS pour une « vie saine » et n'ont donc jamais été envisagées comme un moyen de limiter la mise à disposition de biens alimentaires.</p> <p><br /> Ce n'est pas la première fois que le gouvernement israélien fait état de sa gestion humanitaire du conflit qui l'oppose au Hamas. Dès 2006, Gideon Levy, un journaliste du quotidien israélien Haaretz spécialiste des questions relatives à l'occupation, rapportait une réunion de l'équipe ministérielle chargée de réfléchir aux conséquences de la victoire électorale du Hamas à Gaza et à l'occasion de laquelle la possibilité de mettre en place des mesures de blocus économiques avait été discutée. « C'est comme un rendez-vous chez le diététicien. Les Palestiniens vont maigrir comme il faut mais ils ne mourront pas », illustrait Dov Weissglas, un conseiller du Premier ministre Ehud Olmert. Si l'on en croit <a href="http://www.haaretz.com/print-edition/opinion/as-the-hamas-team-laughs-1.180500" target="_blank">Gideon Levy</a>, sa remarque fut accueillie par les rires de l'assemblée.</p> <p>Quelques années plus tard, le 1er janvier 2009, en réponse à la proposition française d'une « trêve de quarante-huit heures pour motifs humanitaires » lors de l'opération « Plomb durci », Tzipi Livni, la ministre israélienne des Affaires étrangères, expliquait, alors que le bilan faisait déjà état de plus de 400 morts du côté palestinien, que « les camions d'aide passent les points de contrôle » et par conséquent qu'« il n'y a pas de crise humanitaire à Gaza et [...] pas besoin de trêve ».</p> <p>A la suite des restrictions posées à l'entrée de matériaux de construction et de biens de consommation, la situation économique à l'intérieur de Gaza se détériora significativement : d'après Gisha, entre le deuxième trimestre de 2007 et le deuxième trimestre de 2008, le taux de chômage s'accrut de 73%, la population gazouie bénéficiant de l'aide humanitaire passant pour sa part de 63% en 2006 à 80% en 2007. Gisha note également que d'après ses calculs, le nombre des camions ayant effectivement passé les points de contrôle de la bande de Gaza était au tiers inférieur aux calculs des documents « Lignes rouges ». Pourtant, il semble bien que le versant humanitaire de la politique israélienne à Gaza ait eu pour objectif de limiter les dégâts humains, sans doute afin de ne pas s'exposer aux critiques qui ne manqueraient de tomber sur le gouvernement en cas de surmortalité massive ou de détérioration significative de la situation nutritionnelle de la population.</p> <p>Après l'épisode de « <a href="http://humanitaire.blogs.liberation.fr/msf/2010/06/la-flotille-de-la-libert%C3%A9-humanitaire-ou-politique.html" target="_blank">la flottille de Gaza</a> », le gouvernement israélien fut amené à assouplir les restrictions alimentaires. Pourtant, bien que révélant des pratiques politiques révolues, les documents « Lignes rouges » interrogent sur le rôle joué par l'aide humanitaire à Gaza. En effet, dans ces conditions et du point de vue d'une organisation humanitaire, comment échapper au rôle d'auxiliaire de santé de la puissance occupante ? Dans un document intitulé « <a href="http://www.msf.fr/sites/www.msf.fr/files/2002-07-01-MSF_8.pdf" target="_blank">Chroniques palestiniennes</a> », cette question était explicitement prise en compte dès 2002 par le président de la section française de MSF: « L'aide humanitaire internationale, qui ne jouait jusqu'à présent qu'un rôle périphérique dans ce conflit, risque de se voir attribuer un rôle d'auxiliaire de gardien de prison au cœur d'un impitoyable système de domination et de ségrégation.»</p> <p>Ces considérations sont également au cœur du questionnement d'intellectuels de gauche israéliens selon lesquels l'aide humanitaire « suspend la catastrophe » et dégage Israël de son devoir de trouver une issue au conflit. Pour Adi Ophir et Arielle Azoulay intervenant dans <a href="http://www.vanleer.org.il/heb/publications.asp?id=68" target="_blank">un colloque</a> en 2004, « l'intervention [des organisations humanitaires et de défense des droits de l'homme] est une extension du dispositif du pouvoir, une de ses branches, celle qui est responsable de la "suspension de la catastrophe" et de la création des conditions d'un "désastre chronique"». A l'appui de leur analyse, ils citent un entretien avec deux colonels du COGAT. Répondant à la question de savoir qu'elle serait la conséquence d'un départ des organisations humanitaires de Palestine, les officiers répondent « ensemble, simultanément et de manière répétée, marquant chaque mot comme s'ils chantaient un vers dans un chœur grec : ‘Il n'y aura pas de famine en Palestine, il n'y aura pas de famine en Palestine, Israël ne laissera pas faire ».</p> <p>&nbsp;</p> </div> <section class="field field--name-comment field--type-comment field--label-above comment-wrapper"> <h2 class="title comment-form__title">Ajouter un commentaire</h2> <drupal-render-placeholder callback="comment.lazy_builders:renderForm" arguments="0=node&amp;1=3700&amp;2=comment&amp;3=comment" token="Vi5JUQvquv-i1t67IkDNO2CjvVFmC7PvnvL06PaKo44"></drupal-render-placeholder> </section> <drupal-render-placeholder callback="flag.link_builder:build" arguments="0=node&amp;1=3700&amp;2=reading_list" token="oDSxWo9EP96FVDZCAjGX6S7Hkl9wVK0B1yEuwXbWa4Q"></drupal-render-placeholder><div class="citation-container"> <div class="field--name-field-citation"> <p> <span>Pour citer ce contenu :</span> <br> Michaël Neuman, Gaza : vivre et laisser maigrir, 14 novembre 2012, URL : <a href="https://msf-crash.org/index.php/fr/blog/guerre-et-humanitaire/gaza-vivre-et-laisser-maigrir">https://msf-crash.org/index.php/fr/blog/guerre-et-humanitaire/gaza-vivre-et-laisser-maigrir</a> </p> </div> </div> <div class="contribution-container"> <div class="field--name-field-contribution"> <p> <span>Si vous souhaitez critiquer ou développer cet article,</span> vous pouvez nous retrouver sur Twitter ou directement sur notre site. </p> <a href="/index.php/fr/contribuer?to=3700" class="button">Contribuer</a> </div> </div> <span class="field field--name-title field--type-string field--label-above">Gaza : vivre et laisser maigrir</span> Wed, 14 Nov 2012 01:00:00 +0000 babayaga 3700 at https://msf-crash.org L’action humanitaire doit s’affranchir de la logique du"choc des civilisations" https://msf-crash.org/index.php/fr/publications/acteurs-et-pratiques-humanitaires/laction-humanitaire-doit-saffranchir-de-la-logique <div class="field field--name-field-publish-date field--type-datetime field--label-inline clearfix"> <div class="field__label">Date de publication</div> <div class="field__item"><time datetime="2010-06-30T12:00:00Z" class="datetime">30/06/2010</time> </div> </div> <span rel="schema:author" class="field field--name-uid field--type-entity-reference field--label-hidden"><span lang="" about="/index.php/fr/user/65" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Jason-04</span></span> <span property="schema:dateCreated" content="2010-06-30T00:00:00+00:00" class="field field--name-created field--type-created field--label-hidden">mer, 06/30/2010 - 02:00</span> <div class="field field--name-field-tags field--type-entity-reference field--label-hidden field__items"> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/histoire-de-lhumanitaire" property="schema:about" hreflang="fr">histoire de l&#039;humanitaire</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/effets-pervers-et-limites-de-laide" property="schema:about" hreflang="fr">effets pervers et limites de l&#039;aide</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/interventionnisme" property="schema:about" hreflang="fr">interventionnisme</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/occupation-militaire" property="schema:about" hreflang="fr">occupation militaire</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/droit-dingerence" property="schema:about" hreflang="fr">droit d&#039;ingérence</a></div> </div> <details class="field--type-entity-person js-form-wrapper form-wrapper"> <summary role="button" aria-expanded="false" aria-pressed="false">Rony Brauman</summary><div class="details-wrapper"> <div class="field--type-entity-person js-form-wrapper form-wrapper field field--name-field-authors field--type-entity-reference field--label-hidden field__items"> <div class="field__item"> <article data-history-node-id="3221" role="article" about="/fr/rony-brauman" class="node node--type-person node--view-mode-embed"> <div class="node__content"> <div class="group-person-profil"> <div class="group-person-image-profil"> <div class="field field--name-field-image field--type-image field--label-hidden field__item"> <img src="/sites/default/files/styles/profile_image/public/2017-04/DSCF4256.jpg?itok=nCrBsaSM" width="180" height="230" alt="Rony Brauman" typeof="foaf:Image" class="image-style-profile-image" /> </div> </div> <div class="group-person-content"> <div class="group-person-firstname-lastname"> <div class="field field--name-field-firstname field--type-string field--label-hidden field__item">Rony</div> <div class="field field--name-field-lastname field--type-string field--label-hidden field__item">Brauman</div> </div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field__item"><p>Médecin, diplômé de médecine tropicale et épidémiologie. Engagé dans l'action humanitaire depuis 1977, il a effectué de nombreuses missions, principalement dans le contexte de déplacements de populations et de conflits armés. Président de Médecins Sans Frontières de 1982 à 1994, il enseigne au Humanitarian and Conflict Response Institute (HCRI) et il est chroniqueur à Alternatives Economiques. Il est l'auteur de nombreux ouvrages et articles, dont "Guerre humanitaires ? Mensonges et Intox" (Textuel, 2018),"La Médecine Humanitaire" (PUF, 2010), "Penser dans l'urgence" (Editions du Seuil, 2006) et "Utopies Sanitaires" (Editions Le Pommier, 2000).</p> </div> <div class="same-author-link"><a href="/fr/rony-brauman" class="button">Du même auteur</a> </div> </div> </div> </article> </div> </div> </div> </details> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p>&nbsp; <p><em>Dans cet entretien, Rony Brauman revient sur l'histoire récente des relations entre droits de l'homme et aide humanitaire à la lumière notamment des conflits du Moyen-Orient.</em></p> </p> <p>&nbsp; <h3>Regard sur l’action humanitaire dans le monde et le Moyen-Orient</h3> </p> <h4><br /> Dans votre ouvrage, vous vous interrogez sur l’action humanitaire et la contestez, en partie, sans totalement y renoncer. Quelles sont, selon vous, les limites de l’action humanitaire aujourd’hui dans le monde ?</h4> <p>Précisons d’abord que ce livre est un recueil d’articles portant sur une période assez longue, coupée schématiquement par la chute du mur de Berlin. La fin de la guerre froide a eu des conséquences importantes sur ma conception de l’action humanitaire et l’on trouvera donc dans ce livre des articles qui se contredisent !</p> <p>Pendant la période de la guerre froide, je défendais l’idée d’une appartenance de fait de l’humanitaire au camp démocratique libéral, donc loin de toute idée de neutralité de principe, convaincu que l’existence d’une « société civile » active, d’une information relativement libre, permettait auxdites sociétés de réagir de manière appropriée, rapide et organisée aux événements. L’idée était que l’humanitaire trouvait plus naturellement sa place au sein de ces sociétés plus solides car libres ; tandis que dans l’autre camp, dans les « sociétés totalitaires », pour reprendre les divisions canoniques de l’époque, d’une part, tout événement (une sécheresse, un conflit) avait des conséquences humaines beaucoup plus graves – il y avait donc déjà une différence par le poids des souffrances –, et d’autre part, ces sociétés disqualifiaient par leur nature même toute action humanitaire, qui était renvoyée aux illusions « petites-bourgeoises » par opposition aux véritables solutions issues de la volonté politique et de la vision idéologique du communisme. Le berceau naturel de l’humanitaire se situant dans les démocraties libérales, il y avait, dans ce contexte, une sorte d’alliance de fait entre l’action de secours et la défense des droits de l’homme dans leur version libérale, les droits civils et politiques. L’action humanitaire représentait alors l’arme du <em>softpower </em>occidental, mais en pratique elle restait confinée dans des marges étroites. En raison de cette conception assez extensive tout autant que du caractère très restreint des déploiements humanitaires de l’époque, la notion de limite de l’action humanitaire était assez peu pertinente.</p> <p>Avec la fin de la guerre froide et la dissolution de ce cadre idéologique, les choses ont changé. À partir de ce moment, les formes de l’aide humanitaire sont devenues une composante des interventions militaires et ont commencé par en devenir un objectif explicite, comme en Somalie en 1992. La question des limites s’est posée alors de manière pressante. Dès que la question des Droits de l’homme n’est plus envisagée comme défense d’un système, mais est devenue un enjeu de conflit, un « choc de civilisations », j’ai commencé à voir les choses différemment et à considérer qu’il était temps que le divorce survienne entre la défense des Droits de l’homme et la mise en œuvre d’actions de secours menées à titre humanitaire, c’est-à-dire, selon moi, sans autre objectif qu’elles-mêmes.</p> <p>Ce n’est pas pour autant que l’humanitaire est une forme de conservatisme compassionnel, c’est- à-dire qui participe au maintien de l’ordre en pansant les plaies infligées par celui-ci. Si l’aide humanitaire doit s’interdire d’être une sorte d’opinion publique ou un parti politique de substitution dans les pays dans lesquels elle intervient, elle peut toutefois faire émerger certains problèmes, par exemple, dans le domaine que je connais le mieux, la question de l’accès aux soins, de l’accès aux médicaments, et ainsi rendre compte de l’injustice dans ces questions très importantes pour toute l’humanité. Tomber malade et pouvoir se faire soigner correctement est une préoccupation universellement partagée, et la façon dont des organisations humanitaires peuvent faire ressortir cet enjeu et en pointer les lacunes joue un rôle positif, me semble-t-il, et constructif dans l’évolution de cet ordre social. Cependant, à une échelle plus globale, plus générale, elle ne doit pas avoir pour objet de transformer mécaniquement, chirurgicalement, les conditions sociales dans lesquelles vivent les gens.</p> <h4><br /> Dans ce contexte, quel doit être ou peut être, selon vous, le rapport entre humanitaire et Droits de l’homme ?</h4> <p>Constatons d’abord que la relation existe dans les esprits. Même si l’on entend comme moi démarquer explicitement les enjeux de l’aide humanitaire et ceux de la défense des droits de l’homme, on est amené à s’en expliquer, tant ils sont proches dans les conceptions de leurs acteurs, comme c’est aussi le cas pour le développement. Tout cela relève entre autres d’un idéal de solidarité entre les hommes. Et puis, comme l’a montré notamment l’économiste Amartya Sen, il y a un rapport direct entre le respect des droits de l’homme et la capacité d’une société à résister à des crises. Pour le dire vite, la liberté d’expression est une protection contre les famines. Pour ces raisons, il serait absurde de dissocier radicalement humanitaire et droits de l’homme.</p> <p>Si les Droits de l’homme (dans une acception large englobant droits politiques, mais également les questions économiques et sociales) sont des enjeux politiques, symboliques et pratiques que les humanitaires ont en tête, je pense néanmoins que les organisations humanitaires, en dehors de situations exceptionnelles, n’ont pas à s’en mêler et doivent s’abstenir de les brandir comme un drapeau, car il s’agit d’un instrument de combat politique.</p> <p>Je me sens évidemment solidaire de ceux qui oeuvrent à l’avènement d’un État de droit là où règne l'arbitraire, mais je suis convaincu que les ONG humanitaires qui travaillent sur le terrain ne doivent pas se lancer dans des campagnes de dénonciation des violations des droits de l’homme. C’est tout à fait différent de faire une exception dans la conduite d’une action de secours en prenant une position publique face à tel massacre ou telle violation massive des Droits de l’homme. Qu’une organisation fasse exception parce qu’elle a été témoin d’un événement horrible qu’elle ne peut garder pour elle, c’est une chose ; qu’elle fasse de la dénonciation un registre de son action, c’en est une autre qui est totalement différente. Je pense que la confusion qui a longtemps régné dans ce domaine est liée à la dominance de l’idéologie néoconservatrice dans l’humanitaire pendant la guerre froide, et que je partageais d’ailleurs sans le savoir durant les années 1980.</p> <h4><br /> Face à ces dérives de l’humanitaire, vaudrait-il mieux parfois s’abstenir plutôt que d’intervenir? Je pense en particulier, au contexte palestinien.</h4> <p>C’est une question pertinente, qui a d’ailleurs été explicitement posée il y a deux ans, au cours d’un séminaire israélo-palestinien organisé par l’Institut Van Leer de Jérusalem auquel je participais, tant par des Israéliens (non-sionistes) que par des Palestiniens. Ils parlaient de&nbsp;« catastrophe suspendue », d’une sorte de mensonge, de décor que l’aide internationale installe en Palestine occupée et qui empêche de voir ses véritables conséquences. Je n’en suis pas ressorti convaincu, mais je pense que c’est une critique pertinente de l’aide en Palestine. En fait, ce qui, à mon avis, surmonte cette critique, c’est que les Palestiniens dans leur ensemble semblent satisfaits qu’il y ait des intervenants étrangers ; non seulement parce que cela entretient une activité économique, même si elle est marginale par rapport à l’activité économique des Palestiniens eux-mêmes, mais aussi cela contribue à les désenclaver de la situation d’enfermement dans laquelle ils se trouvent.</p> <p>Par ailleurs, il ne faut pas ignorer qu’il est extrêmement difficile pour une organisation humanitaire qui travaille dans les contextes de conflits de ne pas être présente en Palestine. Où que vous alliez, la question palestinienne compte. C’est en quelque sorte une question universelle, même si bien évidemment elle prend une dimension affective, passionnelle beaucoup plus forte dans les pays arabes et musulmans. Il y a ici un enjeu institutionnel et symbolique qui vient embrouiller un peu plus le problème de rester ou partir. Les ONG doivent donc faire des calculs comme cela, qui n’ont rien de cynique, mais sont des calculs géopolitiques à leur manière.</p> <h4><br /> Concernant le Moyen-Orient, quel rôle peut aujourd’hui jouer l’humanitaire dans la région, et en particulier en Afghanistan, en Irak et en Palestine ?</h4> <p>Le rôle que joue l’aide internationale – je préfère la qualifier ainsi plutôt que d’aide humanitaire, parce que parler d’humanitaire c’est déjà juger d’une intention – est très clair. Il s’agit de conforter l’État ou le système politique installé par les forces étrangères. C’est ce que l’OTAN et&nbsp;l’ISAF (Force internationale d’assistance à la sécurité) attendent explicitement de l’aide, et ça, personne ne peut le leur reprocher. Or, cela devient plus douteux lorsqu’on constate que c’est ce qu’accomplissent aussi, pour l’essentiel, les organisations humanitaires sur le terrain.</p> <p>L’idée qu’un environnement politique stable, une économie plus prospère, un État impartial soient nécessaires au peuple afghan et représentent par conséquent un objectif à atteindre constitue la matrice commune du discours de l’aide et de l’intervention militaire. Elle place ainsi les organismes dans le rôle d’auxiliaire d’intervenant. Cela semble après tout normal pour l’Agence française au développement (AFD) ou l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) qui sont des agences étatiques. Quand les ONG jouent elles-mêmes ce rôle, elles éludent la réalité politique en se réfugiant dans l’idée confortable, partagée également par l’OTAN, qu’elles agissent pour le bien du peuple afghan. Je considère que l’aide internationale joue alors un rôle discutable, voire un rôle dont les effets pervers l’emportent sur les effets positifs. Le principal effet positif reste la création d’emplois, pas forcément productifs, mais d’emplois, alors que les effets négatifs sont plus nombreux. On peut bien sûr évoquer le problème de la corruption des ONG, qui ne sont pas le plus souvent elles-mêmes directement corrompues mais qui entrent dans des circuits de corruption qu’elles nourrissent, parce qu’elles méconnaissent les réalités sociales et politiques des rapports de force sous-jacents ; sans même évoquer tous les « faux-nez de l’humanitaire » qui sont en fait des cabinets-conseils servant ni plus ni moins de pompes à finances et d’instrument marketing. Tout cela participe au dévoiement de la notion d’ONG. Mais je crois que les ONG dans leur ensemble ne mesurent pas bien leur implication dans une action que l’on peut qualifier d’« impériale », renouant avec les formes, renouvelées certes, mais classiques, de l’impérialisme libéral. Soutenir par son action les projets de la coalition internationale en Afghanistan est négatif parce que de toute façon, ils sont voués à l'échec ou ont déjà échoué.</p> <p>Néanmoins, les ONG peuvent avoir un rôle à jouer à condition d’accepter l’exercice mental, pas si facile, qui consiste à considérer un taliban et un soldat de la coalition sous le même angle, à savoir en tant que belligérants avec lesquels on noue des relations entre acteurs au conflit. Traiter avec les talibans pour apporter des services non pas aux zones éligibles par le gouvernement, mais aux gens qui en ont besoin, et avec un système de relations qui n’affirme aucune préférence, n’est pas impossible, parce que les talibans savent parler ce langage. Après tout, les ONG ne sont pas une nouveauté en Afghanistan. Encore faut-il le vouloir, c’est-à-dire se libérer de cette vision d’un monde partagé entre « civilisés » et « moyenâgeux », nom actuel pour désigner les&nbsp;« sauvages » de ce pays.</p> <p>Cela dit, la question du rôle des ONG en Afghanistan déborde de loin le seul contexte afghan et vaut à peu près partout où les humanitaires interviennent. L'enjeu commun est de sortir de cette conception du monde selon laquelle nous, les humanitaires, serions des vigies morales parce que nous savons repérer la ligne départageant le bien et le mal, le tolérable et l’intolérable. Dès lors que l’on ne se définit plus comme des « civilisés » venant porter la bonne parole du bien et du juste aux barbares, la relation se transforme assez profondément.</p> <h4><br /> Au-delà de l’action humanitaire, quels sont aujourd’hui les grands enjeux du Moyen-Orient ?</h4> <p>Il y a au Moyen-Orient – Palestine, Irak, Afghanistan – des forces d’occupation relevant directement ou indirectement de l’<em>imperium </em>américain, y compris en Palestine. C’est en effet le soutien inconditionnel des Américains aux Israéliens qui offre les conditions d’une politique du fait accompli qui ne se dément jamais. Pour un humanitaire, je le souligne au passage, la notion d’occupation est extrêmement délicate. Elle n’a de sens réel que sur le plan juridique et correspond aux droits et devoirs d’une armée occupante, ainsi qu’aux interdictions et limites qui s’imposent à elle, comme le peuplement des Territoires occupés pour parler évidemment de la Cisjordanie. J'ajoute que les humanitaires ne doivent pas céder à la tentation du slogan. « US go home » ou « Vive la Palestine libre » ne peuvent pas être leurs cris de ralliement. Pour autant, ils doivent se garder d'en être les complices ou simplement d'apparaître comme tels. Ils doivent donc se mettre à distance des forces d’occupation, pas seulement par la parole, mais aussi et surtout par les actes. Cela signifie, par exemple à Gaza, de considérer l’autorité <em>de fait</em>, le Hamas, comme&nbsp;l’autorité, comme on l’a fait ailleurs, en Angola ou en Afghanistan pendant la guerre contre les Soviétiques, où un commandant local pouvait être notre partenaire opérationnel, comme si c’était l’État, sans que cela ne nous pose de problème. La position humanitaire cohérente est donc à la fois très politique et très apolitique. Il s’agit de faire abstraction des listes noires, du terrorisme et de traiter avec les autorités de fait, car l’aide humanitaire doit s’intéresser aux gens et pas aux dispositifs. Le Hamas et les talibans sont des forces politiques qui, aux yeux des humanitaires, doivent apparaître ni meilleures ni moins bonnes que les autres. C’est là un premier enjeu.</p> <p>Si, par ailleurs, on regarde des actions de secours qui ne sont pas cataloguées comme humanitaires, on voit apparaître d’autres représentations et perceptions. Par exemple, en 2006, à la suite de l’attaque ou contre-attaque (peu importe) israélienne au Liban, le Hezbollah a envoyé dans la région du Sud-Liban des équipes qui permettaient à des familles de toucher de l’argent en liquide et d’être conseillées par des ingénieurs et techniciens du bâtiment pour la reconstruction de leur maison. Imaginons Médecins sans frontières (MSF), l’USAID ou l’AFD faire cela, on aurait spontanément rangé ces actes dans la catégorie des actions humanitaires. Dès lors qu'il s'agit du Hezbollah, c’est d’emblée considéré comme une action, voire comme une manipulation politique par tout le monde, y compris par nombre d'humanitaires. Je ne le conteste pas d’ailleurs, mais je constate que quand les Américains interviennent en Indonésie après le tsunami en 2004, ils le font avec l’intention explicite d’utiliser cette « merveilleuse opportunité », selon les termes de Condoleeza Rice, pour montrer la bienveillance du peuple américain vis-à-vis du monde islamique. Cela n’avait rien de honteux en soi, mais c'était pour le moins maladroit vu les circonstances. Que faisait le Hezbollah au Sud-Liban sinon montrer sa bienveillance vis-à-vis de l’ensemble des populations libanaises, (je rappelle qu’il allait aussi bien chez les chrétiens que chez les sunnites et bien sur les chiites) ?</p> <p>Autrement dit, un des enjeux importants de la période contemporaine est de sortir l’humanitaire de ce conflit de civilisation dans lequel il s’enferme, à son insu, par un certain nombre de dénonciations sur l’insécurité et par l’usage automatique, c’est-à-dire irraisonné du mot&nbsp;« humanitaire » ; notamment parce que les humanitaires eux-mêmes ratifient cet emploi quand ils parlent de l’aide humanitaire de l’armée américaine, tout en la critiquant, mais en entérinant l’usage du mot, alors que jamais ils ne le font pour le Hezbollah ou le Hamas.</p> <p>Dans cette guerre de mots, hautement politique, la tâche qui incombe aux humanitaires consiste aussi à mieux délimiter les propriétés de l’objet humanitaire, ou en tout cas à montrer qu’il en existe plusieurs acceptions et que l’on se situe dans l’une d’entre elles qui ne coexiste pas toujours totalement pacifiquement avec les autres.</p> <p>Je suis contre le droit d’ingérence dit « humanitaire » pour les raisons que nous venons d’évoquer mais je reconnais que cette notion peut aussi être considérée comme humanitaire. Ce n’est malheureusement pas moi qui peux décider de ce qui est humanitaire ou non ! Il s’agit seulement de défendre explicitement une conception cohérente et puis la mettre en œuvre de façon tout aussi cohérente naturellement. C'est plus important encore au Proche-Orient qu'ailleurs, vu la présence de forces d'occupation occidentales.</p> <h4><br /> Concernant la Palestine, est-ce que vous pensez que l’impasse actuelle dans le processus de paix israélo-palestinien, s’il l’on peut encore parler d’un processus, est durable ? Voyez- vous des perspectives à moyen terme ?</h4> <p>Il y a un processus, mais il n’est pas de paix. Il est de conquête, il est effectivement en marche et n’a jamais cesse de l’être depuis 1948, à l’exception de cette embellie de 1993-1994, où on a eu le sentiment qu’un ex-guerrier conquérant, Itzhak Rabin, avait enfin compris qu’il fallait s'arrêter et s’entendre avec les Palestiniens. N’importe quelle personne de bonne foi, indépendamment de tout jugement moral ou politique, ne peut que constater cette dynamique d’expansion continue. Les cartes parlent d’elles-mêmes. La politique du fait accompli l’emporte et je ne vois aucune raison d’être optimiste à court terme. À moyen terme, je pense qu’Israël est condamné en raison de sa méprise, de ses choix impériaux, ou plutôt de ses choix initiaux qui l’ont conduit à s’adosser à un empire plutôt que de chercher l’entente avec les voisins. Une erreur que les sionistes partisans d’une Palestine binationale, comme Martin Buber, Yehuda Magnes ou Hannah Arendt,&nbsp;avaient tout de suite comprise et tenté de contrer. Aujourd’hui, le « binationalisme », pourtant l’ennemi juré du sionisme, l’a de fait emporté dans sa pire version, la sud-africaine de la période de l’apartheid. Or l’apartheid, cela ne peut pas durer et c'est pourquoi je pense que le projet sioniste est condamné. Je suis particulièrement inquiet sur l’avenir de la minorité juive du Proche- Orient dans les vingt prochaines années vu la haine qu’elle a semée autour d’elle. Je ne vois donc pas les choses positivement ; d’ailleurs, nombre d'Israéliens « votent avec leurs pieds » et quittent le pays.</p> <p><em>Propos recueillis par Frank Tétart et Chiara Pettenella</em></p> </div> <div class="citation-container"> <div class="field--name-field-citation"> <p> <span>Pour citer ce contenu :</span> <br> Rony Brauman, L’action humanitaire doit s’affranchir de la logique du&quot;choc des civilisations&quot;, 30 juin 2010, URL : <a href="https://msf-crash.org/index.php/fr/publications/acteurs-et-pratiques-humanitaires/laction-humanitaire-doit-saffranchir-de-la-logique">https://msf-crash.org/index.php/fr/publications/acteurs-et-pratiques-humanitaires/laction-humanitaire-doit-saffranchir-de-la-logique</a> </p> </div> </div> <div class="contribution-container"> <div class="field--name-field-contribution"> <p> <span>Si vous souhaitez critiquer ou développer cet article,</span> vous pouvez nous retrouver sur Twitter ou directement sur notre site. </p> <a href="/index.php/fr/contribuer?to=3961" class="button">Contribuer</a> </div> </div> <drupal-render-placeholder callback="flag.link_builder:build" arguments="0=node&amp;1=3961&amp;2=reading_list" token="G8EbOPmQ2F1rDIYaaANQI8dWZf7dJD0EPXsaEWt4dAo"></drupal-render-placeholder><span class="field field--name-title field--type-string field--label-above">L’action humanitaire doit s’affranchir de la logique du&quot;choc des civilisations&quot;</span> Wed, 30 Jun 2010 00:00:00 +0000 Jason-04 3961 at https://msf-crash.org Le blocus, c’est la ligne Maginot https://msf-crash.org/index.php/fr/publications/acteurs-et-pratiques-humanitaires/le-blocus-cest-la-ligne-maginot <div class="field field--name-field-publish-date field--type-datetime field--label-inline clearfix"> <div class="field__label">Date de publication</div> <div class="field__item"><time datetime="2010-06-11T12:00:00Z" class="datetime">11/06/2010</time> </div> </div> <span rel="schema:author" class="field field--name-uid field--type-entity-reference field--label-hidden"><span lang="" about="/index.php/fr/user/65" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Jason-04</span></span> <span property="schema:dateCreated" content="2010-06-11T00:00:00+00:00" class="field field--name-created field--type-created field--label-hidden">ven, 06/11/2010 - 02:00</span> <div class="field field--name-field-tags field--type-entity-reference field--label-hidden field__items"> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/gaza" property="schema:about" hreflang="fr">Gaza</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/blocus" property="schema:about" hreflang="fr">blocus</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/flotille-de-gaza" property="schema:about" hreflang="fr">flotille de Gaza</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/occupation-militaire" property="schema:about" hreflang="fr">occupation militaire</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/hamas" property="schema:about" hreflang="fr">Hamas</a></div> </div> <details class="field--type-entity-person js-form-wrapper form-wrapper"> <summary role="button" aria-expanded="false" aria-pressed="false">Rony Brauman</summary><div class="details-wrapper"> <div class="field--type-entity-person js-form-wrapper form-wrapper field field--name-field-authors field--type-entity-reference field--label-hidden field__items"> <div class="field__item"> <article data-history-node-id="3221" role="article" about="/index.php/fr/rony-brauman" class="node node--type-person node--view-mode-embed"> <div class="node__content"> <div class="group-person-profil"> <div class="group-person-image-profil"> <div class="field field--name-field-image field--type-image field--label-hidden field__item"> <img src="/sites/default/files/styles/profile_image/public/2017-04/DSCF4256.jpg?itok=nCrBsaSM" width="180" height="230" alt="Rony Brauman" typeof="foaf:Image" class="image-style-profile-image" /> </div> </div> <div class="group-person-content"> <div class="group-person-firstname-lastname"> <div class="field field--name-field-firstname field--type-string field--label-hidden field__item">Rony</div> <div class="field field--name-field-lastname field--type-string field--label-hidden field__item">Brauman</div> </div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field__item"><p>Médecin, diplômé de médecine tropicale et épidémiologie. Engagé dans l'action humanitaire depuis 1977, il a effectué de nombreuses missions, principalement dans le contexte de déplacements de populations et de conflits armés. Président de Médecins Sans Frontières de 1982 à 1994, il enseigne au Humanitarian and Conflict Response Institute (HCRI) et il est chroniqueur à Alternatives Economiques. Il est l'auteur de nombreux ouvrages et articles, dont "Guerre humanitaires ? Mensonges et Intox" (Textuel, 2018),"La Médecine Humanitaire" (PUF, 2010), "Penser dans l'urgence" (Editions du Seuil, 2006) et "Utopies Sanitaires" (Editions Le Pommier, 2000).</p> </div> <div class="same-author-link"><a href="/index.php/fr/rony-brauman" class="button">Du même auteur</a> </div> </div> </div> </article> </div> </div> </div> </details> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><h3>Entretien de Rony Brauman avec Elisabeth Lévy</h3> <h4>Tout en étant favorable à l’opération montée par Free Gaza, vous admettez qu’on peut difficilement la qualifier d’humanitaire.</h4> <p>Le terme humanitaire n’est effectivement pas adapté même si un grand nombre des passagers des bateaux se situaient dans le registre de la compassion. Mais les journalistes, les observateurs et même les organisateurs de cette opération ont été piégés par cet usage intempestif et distrait du mot « humanitaire ». La flotille de Free Gaza a été conçue comme une action militante qui a certes tourné à l’affrontement mais qui s’inscrit dans un registre symbolique, donc politique. Par conséquent, la question n’est pas de savoir si cette opération était ou non politique mais de se demander quelle politique elle défend. La réponse est claire : l’objectif explicite, affiché par Free Gaza sur son site, n’était pas de fournir des marchandises à Gaza mais de dénoncer le blocus et d’obtenir sa levée. Et cet objectif est parfaitement défendable car le blocus est indéfendable. Et qui plus est, parfaitement inefficace au regard de son objectif qui était de créer un fossé entre le Hamas et la population.</p> <h4><br /> Au-delà de la levée du blocus, vous savez que la Turquie a son propre agenda.</h4> <p>Dès qu’un Etat est impliqué dans une opération de secours, ne serait-ce qu’en envoyant ses soldats lors d’un tremblement de terre, c’est qu’il a un « agenda ». À l’évidence, la Turquie, bloquée aux portes de l’Europe, entend s’affirmer comme une puissance régionale : d’où son rôle dans les négociations triangulaires avec l’Iran ou sa proposition de bons offices avec la Syrie. Pour y parvenir, elle estime aujourd'hui qu'elle doit se démarquer d’une alliance encombrante. Cela dit, qu’un Etat souverain joue sa carte n’a rien de choquant. Cela fait partie du jeu ordinaire des relations internationales.</p> <h4><br /> Vous m’accorderez que les passagers des bateaux n’étaient pas exagérément pacifistes.</h4> <p>Mon sentiment -à défaut d'informations précises- est qu’il y avait sur ces bateaux des gens animés par des considérations politiques très différentes. Un ancien conseiller de Reagan, un prix Nobel de la paix irlandais, des députés européens, des militants pro-palestiniens de base et des islamistes peuvent se retrouver pour dénoncer le scandale de ce blocus. Parmi eux, certains n’étaient pas pacifiques et étaient au contraire décidés à en découdre, notamment un noyau qui était là pour faire son djihad, prêt au sacrifice. Mais il me semble évident que le passager lambda était là dans un esprit à la fois militant et pacifique.</p> <h4><br /> Les manifestants européens ne le sont pas toujours et ils ont une petite tendance à confondre juif et israélien.</h4> <p>Je ne peux qu’observer cette confusion angoissante. Je ne crois pas, ou je n’ai pas envie de croire qu’elle est générale mais il faudrait être aveugle pour ne pas la voir. J'ajoute qu'il faut être aveugle également pour ne pas voir qu'elle est entretenue par le comportement de dirigeants communautaires. Rappelez-vous, entre autres, le grand rabbin Bernheim manifestant devant l'ambassade d'Israël pour soutenir l'attaque de Gaza en janvier 2009.</p> <h4><br /> Ce n’est pas la première fois qu’Israël est ainsi montré du doigt. Y a-t-il quelque chose de nouveau ?</h4> <p>Quelque chose est en train de se fissurer profondément et j’en tiens pour preuve le fait que d’éminents intellectuels, habituellement rangés aux côtés d’Israël même dans des moments très durs, font état de leur malaise. Alexandre Adler, qui a plutôt tendance à être sobre dans le choix de ses mots, se déclare « épouvanté », un terme plus finkielkrautien qu’adlérien. Quand nous&nbsp;avons publié La Discorde avec Alain Finkielkraut, l’isolement d’Israël était déjà inquiétant. Aujourd’hui, il est presque total.</p> <h4><br /> Des situations de guerre et des horreurs, vous en connaissez beaucoup. On dirait que les morts causées par Israël révoltent plus que toutes les autres.</h4> <p>On peut s’en indigner mais c’est un fait : un mort n’est pas égal à un mort. Je suis bien placé pour constater à quel point l’indignation est à géométrie variable et je considère qu'avant d'être une faute morale, c'est un phénomène anthropologique : on ne peut pas éprouver avec la même intensité toutes les souffrances du monde. C’est un fait que quand j’apprends que l’armée turque a tué des militants kurdes, je ne ressens pas la sidération qui a été la mienne le matin de l’assaut israélien. L'état d’incandescence des réactions observées en l'occurrence a plusieurs explications. Tout d’abord, nous parlons d’un conflit universalisé, mondialisé dont les répercussions vont au- delà de la région. Le général Petraeus a tout de même déclaré publiquement que la politique israélienne mettait la vie des soldats américains en danger. Nous parlons de l’occupation la plus longue de l’histoire récente, menée par un état issu de l'Europe, soutenu par elle et les État-Unis, dans la région dont sont issues les religions monothéistes dominantes. Avec des ingrédients pareils, ne nous étonnons pas d'avoir un cocktail très singulier et particulièrement explosif!</p> <p>Enfin, Free Gaza a su admirablement jouer des symboles – la mer, la référence à Exodus, la population assiégée. J’ajouterai que, comme le disait Vidal-Naquet, on juge un Etat à l’aune des critères dont il se réclame lui-même. Quand Assad a massacré des milliers d’islamistes, cela n’a pas suscité de tollé : les Syriens tuant des manifestants, c’est dans l’ordre des choses. L’unanimité et l’intensité de la réprobation s’expliquent donc aussi par la prétention d’Israël à être la seule démocratie de la région. Or, cette revendication, discutable au sens réel du terme, est contredite par la violence de l’option choisie. Les Israéliens pouvaient contrôler ce convoi et le laisser passer, comme ils l’ont déjà fait dans le passé.</p> <h4><br /> Pourquoi, selon vous, ont-ils choisi de donner l’assaut ? Diriez-vous, comme certains journalistes israéliens, que Netanyahou est entouré par une bande d’idiots ?</h4> <p>Sans doute, mais c’est plus grave que ça. Face à un problème politique, Israël réagit avec ses commandos. Du reste, les militants radicaux qui se trouvaient à bord de la flottille ont très intelligemment anticipé ce qui allait se passer. Cette façon de tout traiter par la force est incompréhensible pour le reste du monde et entraîne Israël vers la catastrophe. Il est vrai de surcroît que, quand on entend les propos d’un Lieberman, menaçant Gaza (avant même l'Iran) d’une attaque nucléaire, on a l’impression que les fous furieux sont au pouvoir. Et il n’est pas sous-secrétaire d’Etat au logement des défavorisés mais ministre des Affaires étrangères. En réalité, depuis Rabin, aucun gouvernement n’a osé proposer une autre voie que celle de l’affrontement. Faute de courage politique, tout repose sur le courage physique des soldats. Mais à l’âge des missiles, le blocus, comme le mur de séparation, s’apparentent à des lignes Maginot.</p> <h4><br /> Tout de même, Israël s’est retiré de Gaza, sans en percevoir le moindre dividende.</h4> <p>C’est une entourloupe ! Ce retrait n’est qu’une autre forme de bouclage. On a posté les matons à l’extérieur, point barre. Si ce retrait avait été négocié avec un minimum de respect pour les positions de l’adversaire, on pourrait considérer que les Palestiniens, en tirant sur Israël, sont les seuls fautifs du blocage actuel. Cela dit, je pense qu’ils se trompent lourdement en recourant à la violence et pas seulement par compassion pour les Israéliens, compassion que j’éprouve autant que n’importe qui, mais par conviction politique. Cela ne les mènera nulle part.</p> <h4><br /> Acceptez-vous de dire qu’Israël est en guerre avec le Hamas ?</h4> <p>Non. La disproportion est telle que parler de guerre n’a tout simplement pas de sens. Certes, officiellement, le Hamas a une position intransigeante à l’égard de « l’entité sioniste » mais en politique, on a souvent plusieurs fers au feu et plusieurs de ses dirigeants ont fait des ouvertures, évoquant la possibilité de se contenter d’une partie de la Palestine historique. Personne n’a voulu les entendre. En dehors de la brève embellie qu’a été le gouvernement Rabin, Israël n’a jamais&nbsp;considéré sérieusement l’option qui consiste à discuter avec ses ennemis. Dès lors, les relations avec le Hamas ne sont envisagées que sous l’angle militaire. Quand on pense que le monde est un ensemble de clous, on se comporte comme un marteau. Cette politique est suicidaire.</p> <h4><br /> Peut-être. Il est cependant étrange que personne ne s’interroge sur la nature du Hamas. Il y a quelques années, l’un de ses dirigeants que je questionnais sur la mort de civils innocents m’a fait cette réponse : « no jew is innocent ! »</h4> <p>Si personne ne s’interroge, c’est parce que la question n’a politiquement aucun sens. À l’exception d’une poignée de stratèges qui malheureusement sont au pouvoir en Israël, personne ne pense qu’on va éradiquer le Hamas. Dans ces conditions, s’en tenir au constat qu’ils nous déplaisent, c’est accepter un conflit sans fin, un blocus pour l’éternité et l’engloutissement d’Israël dans une haine qui ne restera pas toujours symbolique. Sans doute les dirigeants du Hamas ou certains d’entre eux sont-ils antisémites. Reste qu’ils sont là et que c’est avec eux qu’il faut parler. Il n’y a pas d’alternative.</p> <h4><br /> On nous parle de gens ivres de leur puissance. Mais vous connaissez Israël, vous savez à quel point la peur y est profonde.</h4> <p>Je connais cette peur et je la comprends d’autant mieux que j’en ai des échos dans ma famille. On observe en Israël la combinaison unique de sentiments de toute-puissance et d’extrême vulnérabilité. Ce mélange de l’eau et du feu est la formule de la plupart des gouvernements. Le seul à avoir tenté l’option de la négociation et de la sécurité collective a été Rabin. Et je ne crois pas qu’il comptait dissoudre l’armée et planter des gardénias à Dimona.</p> <h4><br /> Vous ne croyez pas au risque de voir l’Iran surarmer Gaza en cas de levée – probable – du blocus ?</h4> <p>Quand Netanyahou affirme que laisser passer un bateau revient à laisser un port iranien s’installer aux frontières d’Israël, personne ne peut avaler ça. Je ne vois pas le Hamas prenant la responsabilité d’envoyer une salve de missiles sur Tel Aviv compte tenu du risque de dévastation en retour. En conséquence, la probabilité d’une montée aux extrêmes est limitée, même si on ne peut la réduire à une abstraction de propagandiste. Mais je le répète, le blocus n’empêchera rien.</p> <h4><br /> Au-delà du Proche-Orient que vous inspire la montée de l’islamisme ? Vous qui avez cru à l’émancipation des peuples, n’espériez-vous pas un avenir un peu différent ?</h4> <p>Il est certain que, dans les années 1970, nous imaginions un autre futur. La montée de l’islamisme sur les décombres du nationalisme arabe n’a rien de réjouissant. Pour autant, je pense que la répression est contre-productive, comme elle l’a été en Algérie où elle a permis aux islamistes de se parer de l’héroïsme des résistants. Mieux vaut les laisser se prendre les pieds dans le tapis du pouvoir que de leur offrir la possibilité d’annexer à leur profit la démocratie et la vérité.</p> <p><a href="https://www.causeur.fr/entretien-avec-rony-brauman-6468" target="_blank"><strong>LIRE CET ARTICLE SUR LE SITE DE CAUSEUR</strong></a></p> </div> <div class="citation-container"> <div class="field--name-field-citation"> <p> <span>Pour citer ce contenu :</span> <br> Rony Brauman, Le blocus, c’est la ligne Maginot, 11 juin 2010, URL : <a href="https://msf-crash.org/index.php/fr/publications/acteurs-et-pratiques-humanitaires/le-blocus-cest-la-ligne-maginot">https://msf-crash.org/index.php/fr/publications/acteurs-et-pratiques-humanitaires/le-blocus-cest-la-ligne-maginot</a> </p> </div> </div> <div class="contribution-container"> <div class="field--name-field-contribution"> <p> <span>Si vous souhaitez critiquer ou développer cet article,</span> vous pouvez nous retrouver sur Twitter ou directement sur notre site. </p> <a href="/index.php/fr/contribuer?to=3960" class="button">Contribuer</a> </div> </div> <drupal-render-placeholder callback="flag.link_builder:build" arguments="0=node&amp;1=3960&amp;2=reading_list" token="DziJ9eKETzczj8Kk-V3GoOpDSxveDkzNBC2sTOL6gIk"></drupal-render-placeholder><span class="field field--name-title field--type-string field--label-above">Le blocus, c’est la ligne Maginot</span> Fri, 11 Jun 2010 00:00:00 +0000 Jason-04 3960 at https://msf-crash.org L’action humanitaire en situation d’occupation https://msf-crash.org/index.php/fr/publications/guerre-et-humanitaire/laction-humanitaire-en-situation-doccupation <div class="field field--name-field-publish-date field--type-datetime field--label-inline clearfix"> <div class="field__label">Date de publication</div> <div class="field__item"><time datetime="2007-01-01T12:00:00Z" class="datetime">01/01/2007</time> </div> </div> <span class="field field--name-uid field--type-entity-reference field--label-hidden"><span lang="" about="/index.php/fr/user/63" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Kesaven-02</span></span> <span class="field field--name-created field--type-created field--label-hidden">lun, 01/01/2007 - 02:00</span> <div class="field field--name-field-tags field--type-entity-reference field--label-hidden field__items"> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/occupation-militaire" hreflang="fr">occupation militaire</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/tchetchenie" hreflang="fr">Tchétchénie</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/effets-pervers-et-limites-de-laide" hreflang="fr">effets pervers et limites de l&#039;aide</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/principes-humanitaires" hreflang="fr">principes humanitaires</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/epub" hreflang="fr">EPUB</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/pdf" hreflang="fr">PDF</a></div> </div> <div class="field field--name-field-authors field--type-entity-reference field--label-hidden field__items"> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/xavier-crombe" hreflang="fr">Xavier Crombé</a></div> </div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p>Ce Cahier du CRASH réunit l'étude menée par Xavier Crombé sur l'expérience et les positions de MSF en contextes d'occupation depuis les années 80 et le compte-rendu du colloque organisé par la Fondation MSF en janvier 2006 sur le thème "Action humanitaire en situation d'occupation".</p> <p>A travers ce travail de réflexion en interne et la restitution d'un débat avec des intervenants extérieurs à MSF, ce document explore les ambiguïtés de la notion d'occupation, les spécificités éventuelles de certaines situations de conflit et leurs enjeux opérationnels et politiques pour les organisations humanitaires.</p> </div> <div class="field field--name-field-chapters field--type-entity-reference field--label-above"> <div class="field__label">Chapitres</div> <div class="field__items"> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/publications/laction-humanitaire-en-situation-doccupation/partie-1-humanitaire-et-occupation-le" hreflang="fr">PARTIE 1 Humanitaire et Occupation : le point de vue de MSF</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/publications/laction-humanitaire-en-situation-doccupation/partie-2-laction-humanitaire-en-situation" hreflang="fr">PARTIE 2 L’action humanitaire en situation d’occupation</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/publications/laction-humanitaire-en-situation-doccupation/preface" hreflang="fr">Préface</a></div> </div> </div> <div class="citation-container"> <div class="field--name-field-citation"> <p> <span>Pour citer ce contenu :</span> <br> Xavier Crombé, L’action humanitaire en situation d’occupation, 1 janvier 2007, URL : <a href="https://msf-crash.org/index.php/fr/publications/guerre-et-humanitaire/laction-humanitaire-en-situation-doccupation">https://msf-crash.org/index.php/fr/publications/guerre-et-humanitaire/laction-humanitaire-en-situation-doccupation</a> </p> </div> </div> <div class="contribution-container"> <div class="field--name-field-contribution"> <p> <span>Si vous souhaitez critiquer ou développer cet article,</span> vous pouvez nous retrouver sur Twitter ou directement sur notre site. </p> <a href="/index.php/fr/contribuer?to=3530" class="button">Contribuer</a> </div> </div> <span class="field field--name-title field--type-string field--label-above">L’action humanitaire en situation d’occupation</span> Mon, 01 Jan 2007 01:00:00 +0000 Kesaven-02 3530 at https://msf-crash.org Israël, le désastre politique https://msf-crash.org/index.php/fr/publications/guerre-et-humanitaire/israel-le-desastre-politique <div class="field field--name-field-publish-date field--type-datetime field--label-inline clearfix"> <div class="field__label">Date de publication</div> <div class="field__item"><time datetime="2006-09-01T12:00:00Z" class="datetime">01/09/2006</time> </div> </div> <span rel="schema:author" class="field field--name-uid field--type-entity-reference field--label-hidden"><span lang="" about="/index.php/fr/user/64" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Corinne-03</span></span> <span property="schema:dateCreated" content="2006-09-01T00:00:00+00:00" class="field field--name-created field--type-created field--label-hidden">ven, 09/01/2006 - 02:00</span> <div class="field field--name-field-tags field--type-entity-reference field--label-hidden field__items"> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/colonisation" property="schema:about" hreflang="fr">colonisation</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/occupation-militaire" property="schema:about" hreflang="fr">occupation militaire</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/gaza" property="schema:about" hreflang="fr">Gaza</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/hamas" property="schema:about" hreflang="fr">Hamas</a></div> </div> <details class="field--type-entity-person js-form-wrapper form-wrapper"> <summary role="button" aria-expanded="false" aria-pressed="false">Rony Brauman</summary><div class="details-wrapper"> <div class="field--type-entity-person js-form-wrapper form-wrapper field field--name-field-authors field--type-entity-reference field--label-hidden field__items"> <div class="field__item"> <article data-history-node-id="3221" role="article" about="/index.php/fr/rony-brauman" class="node node--type-person node--view-mode-embed"> <div class="node__content"> <div class="group-person-profil"> <div class="group-person-image-profil"> <div class="field field--name-field-image field--type-image field--label-hidden field__item"> <img src="/sites/default/files/styles/profile_image/public/2017-04/DSCF4256.jpg?itok=nCrBsaSM" width="180" height="230" alt="Rony Brauman" typeof="foaf:Image" class="image-style-profile-image" /> </div> </div> <div class="group-person-content"> <div class="group-person-firstname-lastname"> <div class="field field--name-field-firstname field--type-string field--label-hidden field__item">Rony</div> <div class="field field--name-field-lastname field--type-string field--label-hidden field__item">Brauman</div> </div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field__item"><p>Médecin, diplômé de médecine tropicale et épidémiologie. Engagé dans l'action humanitaire depuis 1977, il a effectué de nombreuses missions, principalement dans le contexte de déplacements de populations et de conflits armés. Président de Médecins Sans Frontières de 1982 à 1994, il enseigne au Humanitarian and Conflict Response Institute (HCRI) et il est chroniqueur à Alternatives Economiques. Il est l'auteur de nombreux ouvrages et articles, dont "Guerre humanitaires ? Mensonges et Intox" (Textuel, 2018),"La Médecine Humanitaire" (PUF, 2010), "Penser dans l'urgence" (Editions du Seuil, 2006) et "Utopies Sanitaires" (Editions Le Pommier, 2000).</p> </div> <div class="same-author-link"><a href="/index.php/fr/rony-brauman" class="button">Du même auteur</a> </div> </div> </div> </article> </div> </div> </div> </details> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p>Tout au long de l’été, l’union sacrée s’est faite en Israël non seulement sur le thème bien compréhensible de la légitime défense mais aussi, comme toujours, sur le droit à l’existence, invoqués l’un et l’autre pour justifier l’étendue de la riposte aux six missiles et à l’embuscade qui a coûté la vie X( ?) soldats israéliens. L’attaque du Hezbollah appelait certes une réponse, nul ne le conteste. Mais c’est bien parce que cette attaque était une provocation qu’elle appelait autre chose que la ruine d’un pays qui ne l’avait pas voulue. Si le modèle de cette réponse-là était adopté par tous les pays confrontés à des incidents de frontière, le monde serait à feu et à sang, offert à la folie destructrice de tous les groupes extrémistes. Quant à la menace existentielle que représenterait une milice de quelques milliers d’hommes, si bien entraînés et équipés soient-ils, face à la puissante armée israélienne, elle n’a pas d’autre fonction que de légitimer une stratégie qui ne s’interdit aucune limite, selon les mots du premier ministre israélien.</p> <p>La brutalité de cette riposte est d’autant plus effarante qu’elle est nécessairement vouée à l’échec, comme l’est l’opération engagée auparavant dans les territoires palestiniens en réponse à l’enlèvement d’un soldat israélien par un groupe armé de Gaza. Contrairement à ce que veulent croire nombre d’Israéliens – et malheureusement parmi eux un certain nombre de voix du camp de la paix – ces deux situations sont liées. L’évacuation de Gaza n’est pas la fin de la colonisation comme font mine de le croire ceux qui s’étonnent de la poursuite des violences palestiniennes. Tant que durera l’occupation avec ses inéluctables conséquences – les bouclages, les arrestations, les destructions, l’humiliation, le climat de cette région sera empoisonné et les attaques contre Israël, si irresponsables et cruelles soient-elles, trouveront un large soutien au sein des opinions arabes et bien au-delà. Répondre à ces attaques par des actions commandos et des bombardements n’est pas seulement cruel. C’est inepte. Ceux qui s’affirment comme la seule démocratie du Proche-Orient s’emploient à détruire les gouvernements palestinien et libanais, seuls pouvoirs arabes élus de la région. Ceux qui se présentent comme le visage de la civilisation s’acharnent à défigurer celle-ci en son nom-même. Ceux qui prétendent lutter contre le terrorisme ne semblent plus disposer d’autre instrument que la terreur. Les conséquences politiques sont immenses. Jamais la réprobation d’Israël n’a été aussi profonde dans le monde. Jamais son isolement diplomatique n’a été si grave. Plus encore : jamais l’incompétence de son gouvernement n’a été si affligeante ni l’impuissance de son armée si évidente. Voilà pourquoi cette situation est un désastre et pas seulement pour les Libanais et les Palestiniens. Gageons, espérons que l’unanimité de l’opinion israélienne derrière son gouvernement ne durera pas plus d’une saison et saluons le courage de ceux qui y ont résisté. Ceux-là se souviennent que la sécurité des juifs au Proche-Orient passe par l’entente avec ses habitants et pas seulement par une armée surpuissante mais guère plus capable que d’autres de vaincre des mouvements de guérillas disposant d’un soutien populaire. Israël se trouve aujourd’hui dans une situation désastre politique sans précédent dans son histoire et c’est peut-être là, dans cette nouvelle donne du rapport des forces, que pourrait se présenter une issue.</p> <p>Il n’est pas interdit de penser qu’une nouvelle conscience de l’impuissance de la force émerge à la faveur de cette crise d’une gravité inédite. Déjà, on s’aperçoit que le Hamas pourrait bien être un interlocuteur. Le sentiment de toute-puissance et d’absolue légitimité qui mine tout esprit de négociation pourrait bien se fissurer. La voix de ces « pacifistes », on devrait dire de ces réalistes, serait alors autre chose que celle d’une minorité morale pour devenir une option stratégique. Une chose est assurément acquise, avec ou sans déploiement onusien : c’est leur voix ou le chaos.</p> </div> <div class="citation-container"> <div class="field--name-field-citation"> <p> <span>Pour citer ce contenu :</span> <br> Rony Brauman, Israël, le désastre politique, 1 septembre 2006, URL : <a href="https://msf-crash.org/index.php/fr/publications/guerre-et-humanitaire/israel-le-desastre-politique">https://msf-crash.org/index.php/fr/publications/guerre-et-humanitaire/israel-le-desastre-politique</a> </p> </div> </div> <div class="contribution-container"> <div class="field--name-field-contribution"> <p> <span>Si vous souhaitez critiquer ou développer cet article,</span> vous pouvez nous retrouver sur Twitter ou directement sur notre site. </p> <a href="/index.php/fr/contribuer?to=3853" class="button">Contribuer</a> </div> </div> <drupal-render-placeholder callback="flag.link_builder:build" arguments="0=node&amp;1=3853&amp;2=reading_list" token="XqIlfN6O0g4GMarxSleH8jXjofa-7X-xSRadyZ_7Q10"></drupal-render-placeholder><span class="field field--name-title field--type-string field--label-above">Israël, le désastre politique</span> Fri, 01 Sep 2006 00:00:00 +0000 Corinne-03 3853 at https://msf-crash.org Du libérateur à l’envahisseur https://msf-crash.org/index.php/fr/publications/droits-et-justice/du-liberateur-lenvahisseur <div class="field field--name-field-publish-date field--type-datetime field--label-inline clearfix"> <div class="field__label">Date de publication</div> <div class="field__item"><time datetime="2005-03-25T12:00:00Z" class="datetime">25/03/2005</time> </div> </div> <span rel="schema:author" class="field field--name-uid field--type-entity-reference field--label-hidden"><span lang="" about="/index.php/fr/user/62" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Charlene-01</span></span> <span property="schema:dateCreated" content="2005-03-25T01:00:00+00:00" class="field field--name-created field--type-created field--label-hidden">ven, 03/25/2005 - 02:00</span> <div class="field field--name-field-tags field--type-entity-reference field--label-hidden field__items"> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/occupation-militaire" property="schema:about" hreflang="fr">occupation militaire</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/colonialisme" property="schema:about" hreflang="fr">colonialisme</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/maintien-de-la-paix" property="schema:about" hreflang="fr">maintien de la paix</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/interventions-militaires" property="schema:about" hreflang="fr">interventions militaires</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/nations-unies" property="schema:about" hreflang="fr">Nations unies</a></div> </div> <details class="field--type-entity-person js-form-wrapper form-wrapper"> <summary role="button" aria-expanded="false" aria-pressed="false">Rony Brauman</summary><div class="details-wrapper"> <div class="field--type-entity-person js-form-wrapper form-wrapper field field--name-field-authors field--type-entity-reference field--label-hidden field__items"> <div class="field__item"> <article data-history-node-id="3221" role="article" about="/index.php/fr/rony-brauman" class="node node--type-person node--view-mode-embed"> <div class="node__content"> <div class="group-person-profil"> <div class="group-person-image-profil"> <div class="field field--name-field-image field--type-image field--label-hidden field__item"> <img src="/sites/default/files/styles/profile_image/public/2017-04/DSCF4256.jpg?itok=nCrBsaSM" width="180" height="230" alt="Rony Brauman" typeof="foaf:Image" class="image-style-profile-image" /> </div> </div> <div class="group-person-content"> <div class="group-person-firstname-lastname"> <div class="field field--name-field-firstname field--type-string field--label-hidden field__item">Rony</div> <div class="field field--name-field-lastname field--type-string field--label-hidden field__item">Brauman</div> </div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field__item"><p>Médecin, diplômé de médecine tropicale et épidémiologie. Engagé dans l'action humanitaire depuis 1977, il a effectué de nombreuses missions, principalement dans le contexte de déplacements de populations et de conflits armés. Président de Médecins Sans Frontières de 1982 à 1994, il enseigne au Humanitarian and Conflict Response Institute (HCRI) et il est chroniqueur à Alternatives Economiques. Il est l'auteur de nombreux ouvrages et articles, dont "Guerre humanitaires ? Mensonges et Intox" (Textuel, 2018),"La Médecine Humanitaire" (PUF, 2010), "Penser dans l'urgence" (Editions du Seuil, 2006) et "Utopies Sanitaires" (Editions Le Pommier, 2000).</p> </div> <div class="same-author-link"><a href="/index.php/fr/rony-brauman" class="button">Du même auteur</a> </div> </div> </div> </article> </div> </div> </div> </details> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p>Jamais depuis la fin de la colonisation autant de contingents étrangers n’ont été déployés dans le monde. Jamais la catégorie d’ «occupation militaire» n’a été si brouillée. Plus de 20 pays sont en ce moment des théâtres d’opérations à des titres divers, du « maintien de la paix » dans la majorité des cas, jusqu’à la « guerre antiterroriste » pour quelques-uns, en passant par des&nbsp;« forces de stabilisation ». On aura reconnu respectivement les modèles Congo-Libéria, Irak- Afghanistan, et Kosovo-Timor. Tous les continents sont concernés. Pour ce qui est des interventions onusiennes cependant, l’Afrique reste de très loin en tête du palmarès avec 49.000 hommes, soit plus des trois quarts des forces engagées dans le monde sous pavillon des Nations unies ou avec le label de l’organisation.</p> <p>Ce n’est toutefois pas sous casque bleu que se trouvent la plupart des forces armées en opérations dans le monde. Elles opèrent avec leurs emblèmes nationaux, ou encore dissimulées derrière des milices locales et l’excuse de la légitime défense. Les troupes américaines en Irak, russes en Tchétchénie, rwandaises et ougandaises au Congo interviennent dans des perspectives et avec des méthodes très différentes, certes, mais pour y imposer leur conception du pouvoir et de leurs intérêts. Relevons-le au passage, c’est dans ces pays que les ONG et les journalistes ont le plus de mal à travailler, et c’est là qu’ont eu lieu la plupart des assassinats et enlèvements de travailleurs humanitaires et de reporters.</p> <p>Indispensable pour fixer des normes et tempérer les déséquilibres de force, le droit international ne nous fournit au mieux que des repères, et non des solutions. En Palestine, les résolutions de l’ONU ne sont plus depuis longtemps que numéros – la 181, la 242, la 343…– dépourvus de toute signification. Encore ont-elles le mérite d’exister, contrairement à la Tchétchénie où, entre admonestations prudentes et rhétorique de « guerre contre la terreur », les forces russes ont le champ libre. Mais au-delà de situations comme celles-ci qui ont pour particularité d’impliquer directement ou indirectement des membres permanents du Conseil de sécurité, c’est l’impuissance de toute démarche normative, si nécessaire soit-elle, à saisir la diversité des situations qui ressort ici. Au sens strict, une occupation peut se définir comme un pouvoir qui s’impose de l’extérieur au moyen d’une force militaire. Les Kosovars, les Kurdes d’Irak et les Timorais ont accueilli une occupation salvatrice mettant fin à une occupation destructrice. Les Palestiniens et les Tchétchènes seraient sans doute dans la même disposition, si une telle initiative était seulement pensable.</p> <p>Lorsque l’armée nigériane est revenue au Libéria, l’an dernier, dans le cadre de la force africaine d’interposition, sa réputation n’était plus à faire. Chacun pouvait se souvenir des exactions commises par nombre de ses soldats lors de leur intervention précédente dans le pays et chacun sait, dans la région, que cette mission n’a rien de désintéressé. Ces troupes furent pourtant saluées comme des libérateurs par la population, celle-ci étant épuisée par les violences incessantes des milices locales. Il est à peu près inévitable, à l’inverse, que cette image se ternisse si les troupes se glissent trop profondément dans la politique et l’économie locales, ce qui ne manquera pas de se produire si elles s’attardent dans le pays. Il ne s’en faut pas de beaucoup pour passer du statut de libérateur à celui d’envahisseur puisque, quels que soient les intérêts réels ou supposés en jeu, il existe toujours une partie de la population et des dirigeants qui les perçoit comme rivaux ou hostiles. Plus volatile que toute autre, la situation des troupes américaines en Irak montre que l’on peut être simultanément envahisseur et protecteur, celle des Français en Côte d’Ivoire n’étant pas sans ressemblance, en dépit de toutes les bonnes raisons&nbsp;qui la justifient. Là comme ailleurs, quelque soit le contexte de départ, le temps joue contre les forces étrangères.</p> </div> <div class="citation-container"> <div class="field--name-field-citation"> <p> <span>Pour citer ce contenu :</span> <br> Rony Brauman, Du libérateur à l’envahisseur, 25 mars 2005, URL : <a href="https://msf-crash.org/index.php/fr/publications/droits-et-justice/du-liberateur-lenvahisseur">https://msf-crash.org/index.php/fr/publications/droits-et-justice/du-liberateur-lenvahisseur</a> </p> </div> </div> <div class="contribution-container"> <div class="field--name-field-contribution"> <p> <span>Si vous souhaitez critiquer ou développer cet article,</span> vous pouvez nous retrouver sur Twitter ou directement sur notre site. </p> <a href="/index.php/fr/contribuer?to=3863" class="button">Contribuer</a> </div> </div> <drupal-render-placeholder callback="flag.link_builder:build" arguments="0=node&amp;1=3863&amp;2=reading_list" token="j1DmyC6tzJZyvF4vT-O5pKb4_57S7qXJ7q4lrjvqhbI"></drupal-render-placeholder><span class="field field--name-title field--type-string field--label-above">Du libérateur à l’envahisseur</span> Fri, 25 Mar 2005 01:00:00 +0000 Charlene-01 3863 at https://msf-crash.org Les ONG au coeur de la polémique sur l’humanitaire https://msf-crash.org/index.php/fr/publications/acteurs-et-pratiques-humanitaires/les-ong-au-coeur-de-la-polemique-sur-lhumanitaire <div class="field field--name-field-publish-date field--type-datetime field--label-inline clearfix"> <div class="field__label">Date de publication</div> <div class="field__item"><time datetime="2004-12-25T12:00:00Z" class="datetime">25/12/2004</time> </div> </div> <span rel="schema:author" class="field field--name-uid field--type-entity-reference field--label-hidden"><span lang="" about="/index.php/fr/user/65" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Jason-04</span></span> <span property="schema:dateCreated" content="2004-12-25T01:00:00+00:00" class="field field--name-created field--type-created field--label-hidden">sam, 12/25/2004 - 02:00</span> <div class="field field--name-field-tags field--type-entity-reference field--label-hidden field__items"> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/securite-du-personnel-humanitaire" property="schema:about" hreflang="fr">sécurité du personnel humanitaire</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/principes-humanitaires" property="schema:about" hreflang="fr">principes humanitaires</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/ethique" property="schema:about" hreflang="fr">éthique</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/occupation-militaire" property="schema:about" hreflang="fr">occupation militaire</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/relations-militaro-humanitaires" property="schema:about" hreflang="fr">relations militaro-humanitaires</a></div> </div> <details class="field--type-entity-person js-form-wrapper form-wrapper"> <summary role="button" aria-expanded="false" aria-pressed="false">Rony Brauman &amp; Hugo Slim</summary><div class="details-wrapper"> <div class="field--type-entity-person js-form-wrapper form-wrapper field field--name-field-authors field--type-entity-reference field--label-hidden field__items"> <div class="field__item"> <article data-history-node-id="3221" role="article" about="/index.php/fr/rony-brauman" class="node node--type-person node--view-mode-embed"> <div class="node__content"> <div class="group-person-profil"> <div class="group-person-image-profil"> <div class="field field--name-field-image field--type-image field--label-hidden field__item"> <img src="/sites/default/files/styles/profile_image/public/2017-04/DSCF4256.jpg?itok=nCrBsaSM" width="180" height="230" alt="Rony Brauman" typeof="foaf:Image" class="image-style-profile-image" /> </div> </div> <div class="group-person-content"> <div class="group-person-firstname-lastname"> <div class="field field--name-field-firstname field--type-string field--label-hidden field__item">Rony</div> <div class="field field--name-field-lastname field--type-string field--label-hidden field__item">Brauman</div> </div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field__item"><p>Médecin, diplômé de médecine tropicale et épidémiologie. Engagé dans l'action humanitaire depuis 1977, il a effectué de nombreuses missions, principalement dans le contexte de déplacements de populations et de conflits armés. Président de Médecins Sans Frontières de 1982 à 1994, il enseigne au Humanitarian and Conflict Response Institute (HCRI) et il est chroniqueur à Alternatives Economiques. Il est l'auteur de nombreux ouvrages et articles, dont "Guerre humanitaires ? Mensonges et Intox" (Textuel, 2018),"La Médecine Humanitaire" (PUF, 2010), "Penser dans l'urgence" (Editions du Seuil, 2006) et "Utopies Sanitaires" (Editions Le Pommier, 2000).</p> </div> <div class="same-author-link"><a href="/index.php/fr/rony-brauman" class="button">Du même auteur</a> </div> </div> </div> </article> </div> <div class="field__item"> <article data-history-node-id="3243" role="article" about="/fr/hugo-slim" class="node node--type-person node--view-mode-embed"> <div class="node__content"> <div class="group-person-profil"> <div class="group-person-image-profil"> </div> <div class="group-person-content"> <div class="group-person-firstname-lastname"> <div class="field field--name-field-firstname field--type-string field--label-hidden field__item">Hugo</div> <div class="field field--name-field-lastname field--type-string field--label-hidden field__item">Slim</div> </div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field__item"><p>Directeur de la politique, International Committee of the Red Cross (ICRC)</p> <p>De 2011 à 2015, Hugo Slim a été chargé de recherche senior à l'Oxford Institute for Ethics, Law and Armed Conflict (ELAC), à l'Université d'Oxford.</p> </div> <div class="same-author-link"><a href="/fr/hugo-slim" class="button">Du même auteur</a> </div> </div> </div> </article> </div> </div> </div> </details> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p class="title-serif"><em>Kidnappings, meurtres, assassinats, le travail des humanitaires n’a jamais été si exposé en Afghanistan, en Irak, dans le Nord Caucase… Rony Brauman, de Médecins sans frontières, et Hugo Slim, responsable de la recherche au Centre du dialogue humanitaire à Genève, défendent des positions radicalement différentes sur le rôle de l’humanitaire dans un moment de crise. Le débat de fond sur l’indépendance des ONG qu’ils mènent dans nos colonnes est sans aucun doute la problématique centrale de l’humanitaire pour les années à venir. Leurs différences d’approche traduisent aussi l’écart qui séparent l’école des French doctors de leurs homologues anglo-saxons.</em></p> <p><em>Entretiens réalisés par Pierre Hazan</em></p> <p><em><strong>Libération </strong></em><span>: Vous ne croyez pas à l’indépendance des organisations humanitaires ?</span></p> <p><em><strong>Hugo Slim</strong></em> <span>: La plupart de ce qu’on appelle les “organisations humanitaires” sont bien davantage que de simples véhicules pour apporter des secours d’urgence. Elles interviennent auprès de population au nom de certaines valeurs : le droit à la santé, le droit à l’égalité des sexes, le droit à l’éducation, le droit au développement, la démocratie. Cela représente leur vision d’une société moralement juste. Je ne parle pas du Comité international de la Croix-Rouge qui est une exception : il intervient dans les conflits armés avec un mandat très spécifique. Mais la plupart des ONG ne sont pas du tout comme le CICR : elles interviennent au nom de valeurs démocratiques, ces mêmes valeurs qui fondent l’action de nos gouvernements occidentaux. Cette identité des valeurs et des moyens puisque les gouvernements occidentaux les financent et entreprennent eux aussi des actions humanitaires devrait les conduire à en tirer toutes les conséquences qui s’imposent. Mais au lieu de chercher à proclamer une indépendance illusoire, pourquoi n’assumeraient-elles pas le lien qui les lie aux gouvernements occidentaux ? Elles croient qu’elles peuvent faire comme Harry Potter : revêtir un manteau d’invisibilité pour éviter de se poser des questions qui les dérangent. Mais cela ne marche pas : avec leur idéologie anti-occidentale raciste, beaucoup d’islamistes radicaux sont en train de tendre un miroir cruel aux humanitaires : ils leur rappellent qui ils sont, d’où ils viennent et le fait qu’ils défendent des valeurs qui sont bien davantage occidentales qu’universelles. Les islamistes radicaux ne veulent pas de l’égalité des sexes, de l’éducation pour les filles, du prêt à intérêt prohibé par le Coran, comment concilier cette idéologie avec une philosophie libérale basée sur la démocratie comme nous l’entendons et les lois du marché ? Mais la plupart des humanitaires refusent encore de prendre conscience du défi qui les attend. Les tortures d’Abou Ghraib sont un scandale et une honte, mais même sans elles, les termes de la confrontation auraient été les mêmes.</span></p> <p><em><strong>Rony Brauman</strong></em> <span>: Hugo Slim soulève une question essentielle. Beaucoup d’ONG humanitaires se réclament en effet d’un ensemble de valeurs, qu’elles considèrent comme un tout harmonieux, sans contradiction les unes avec les autres. Cette approche, d’ailleurs plus affirmée dans le monde anglo-américain, doit les conduire logiquement à se ranger sous le drapeau de la diplomatie de leur pays puisque leurs objectifs sont les mêmes. Mais Hugo Slim oublie que ces&nbsp;</span>valeurs sont en contradiction les unes avec les autres : la liberté, l’égalité, la sécurité, pour prendre les exemples les plus connus, sont des valeurs « rivales ». Il y a donc des arbitrages à faire entre elles. Ces choix, cette hiérarchisation, c’est précisément ce qu’on appelle le politique et je pense, pour ma part, que ce sont les sociétés concernées qui doivent les faire, pas des ONG étrangères. Je dresse le même constat qu’Hugo Slim, mais j’en tire une conséquence inverse. Vouloir répandre ses « valeurs » dans le monde, c’est appeler à la croisade. N’oublions pas que les stratégies impériales britannique et française du XIXe siècle étaient fondées non seulement sur une domination militaire, mais aussi sur un sentiment de supériorité morale.</p> <p>Pour ma part, je crois qu’on peut dépasser cette histoire occidentale. A mon sens, les organisations humanitaires doivent se positionner sur des terrains d’action très précis autour d’objectifs limités et ne pas se prendre pour les porte-drapeaux des valeurs occidentales. Leur rôle n’est pas de réformer le mode de vie d’autres sociétés. Elles n’ont aucune légitimité pour cela. Notre rôle est d’aider des gens dans le besoin, pas de leur apporter nos lumières. Nous devons nous affranchir de cette logique impérialiste.</p> <p><em><strong>Libération </strong></em><span>: Vous assimilez le travail des ONG à un combat mené au nom des valeurs libérales. Au nom de quelle éthique, justifiez-vous le fait que ces ONG mènent des actions qui contestent les valeurs de certaines sociétés?</span></p> <p><em><strong>Hugo Slim</strong></em> <span>: Le monde a toujours connu des luttes d’idées et de croyances. Regardez aujourd’hui le dynamisme de l’Islam en Europe, dans toutes ses composantes. C’est excitant, mais c’est aussi un défi. Le dialogue est évidemment la meilleure manière de surmonter ces différences pour qu’elles ne se muent pas en confrontation.</span></p> <p>De leur côté, les organisations humanitaires occidentales ont, elles aussi, très souvent développé un agenda libéral. Elles se sont fixées des seuils moraux. L’un de ces seuils est l’égalité entre les sexes. Cela provoque un dialogue difficile dans des sociétés patriarcales. Celles-ci s’estiment menacées par la puissance disproportionnée tant politique que financière de ces ONG. Reste que ni les Etats-Unis, ni l’Europe ne sont propriétaires, ni même les inventeurs de ces valeurs démocratiques. Beaucoup de gens de par le monde partagent ces mêmes valeurs et s’en étaient imprégnées bien avant la montée en puissance du monde occidental. Au point, que durant le dernier demi-siècle, bien davantage de militants des droits de l’homme sont morts, au nom de la défense de ces valeurs, hors d’Europe qu’en Europe.</p> <p><em><strong>Libération </strong></em><span>: Rony Brauman, vous dites que les humanitaires doivent dépasser leur histoire occidentale et s'affranchir de toute politique de puissance. Mais peuvent-ils échapper à cette identification avec les puissances occidentales? Sinon comment comprendre l'assassinat de Margaret Hassan, qui depuis 30 ans se battait pour améliorer le sort de la population irakienne&nbsp;</span>?</p> <p><em><strong>Rony Brauman</strong></em> <span>: Au-delà du dégoût et de la révolte que suscite en moi cet assassinat, je n’ai pas les éléments pour le raccorder à un enjeu autre que la stratégie de terreur de certains groupes islamistes. Le fait que les deux otages italiennes aient été relâchées atteste néanmoins que l’humanitaire n’est pas une cible en soi. Quoiqu’il en soit, il est en effet très difficile d’échapper à cette identification en situation d’occupation militaire. Ce serait peut-être imaginable et encore si toutes les ONG humanitaires se présentaient clairement comme indépendantes, mais ce n’est pas le cas. Partout où des ONG sont perçues comme des auxiliaires d’une force d’occupation, elles sont tôt ou tard obligées de partir. L’Irak et l’Afghanistan ne sont cependant pas représentatifs. Les ONG sont beaucoup plus largement implantées dans le monde aujourd’hui qu’au moment de la guerre froide.</span></p> <p><em><strong>Libération </strong></em><span>: Ne croyez-vous pas que Bush et Blair ont simplement instrumentalisé les ONG et toute la rhétorique humanitaire ?</span></p> <p><em><strong>Hugo Slim</strong></em> <span>: Ces deux chefs d’Etats sont des hommes de conviction. Ils agissent comme chacun de nous : leurs décisions sont, en partie, fondées sur leur lecture de leur intérêt national, et en partie, par leur adhésion à certaines valeurs. La confrontation aujourd’hui oppose un agenda libéral à une vision du monde qui est autoritaire et conservatrice, avec les Ben Laden, les Bachir soudanais et consorts. Bizarrement, la droite américaine recoupe, dans une certaine mesure, ces deux visions. Pour ma part, je ne suis pas un pacifiste. Il y a trois ans, j’ai soutenu l’intervention de la coalition en Irak pour mettre à bas un régime criminel et au nom d’intérêts géostratégiques essentiels. Quand je pense aux 16.000 morts irakiens depuis le début de l’intervention, j’ai les plus grands doutes, mais j’estime qu’il faut se donner dix ans pour vraiment savoir s’il sortira finalement quelque chose de positif, de la tragédie qu’est cette guerre. De même, je crois que c’est une bonne chose que les gouvernements occidentaux fassent pression sur le gouvernement soudanais pour éviter que des populations continuent d’être massacrées au Darfour. Je constate, par ailleurs, l’inconsistance de la communauté internationale qui se tait face aux souffrances en Tchétchénie.</span></p> <p><em><strong>Rony Brauman</strong></em> <span>: Historiquement, la rhétorique humanitaire n’appartient pas aux ONG. Ce sont les pouvoirs impériaux de l’époque coloniale qui l’ont inventée. C’est bien en cela qu’elle est indissociable des massacres coloniaux. On ne peut rien comprendre à l’hostilité que soulève le discours des bons sentiments humanitaires dans une partie du monde si l’on refuse de se souvenir de cela. Et d’ailleurs, il y a eu beaucoup plus de morts que cela en Irak. On parle de&nbsp;</span>100.000. Bravo pour les libérateurs et leur agenda libéral ! Hugo Slim réduit les tensions et enjeux planétaires à 2 croisades qui s’affrontent, mais moi je ne crois pas que la réalité politique du monde se borne à cet affrontement. Je ne ferai pas ce cadeau à Ben Laden, bien que je ne sois pas non plus un pacifiste. Faut-il, au nom des « valeurs libérales », déclarer la guerre à tous les régimes oppresseurs du monde ? Ce serait pensable si nous étions prêts à établir un nouvel empire dans lequel la sécurité et la justice régneraient. L’Irak devrait nous délivrer de cette tentation renouvelée de nous voir comme la source du Bien et du Juste dans le monde. Au passage, j’invite Hugo Slim à lire les discours officiels américains du début de la guerre du Vietnam. Le parallèle avec la guerre d’Irak est proprement stupéfiant. Ceci dit, mon relativisme culturel a des limites, et je ne crois pas que les massacres de civils soient une donnée culturelle. Je suis d’accord pour dire que les pressions exercées sur le gouvernement de Khartoum pour le pousser à mettre un terme à ses guerres sont une bonne chose.</p> <p><em><strong>Libération </strong></em><span>: Le mélange militaro-humanitaire voulue par l’administration Bush ne vous choque-t-il pas ?</span></p> <p><em><strong>Hugo Slim</strong></em> <span>: Pourquoi me choquerait-il ? Je crois aussi que les militaires doivent faire de l’humanitaire. D’abord, parce qu’il y a une éthique de la solidarité qui lie tout homme à son semblable. Si quelqu’un se noie, on va le sauver. Nous avons besoin de soldats qui soient bons et nous ne devons pas leur interdire de l’être. Ensuite, parce qu’historiquement, les militaires ont compris qu’ils devaient faire de l’humanitaire. Cela fait partie depuis des lustres des manuels de lutte anti-guérilla : il faut gagner le cœur et la tête des populations où on intervient. Vous allez me rétorquer qu’il n’y a plus de distinction entre l’humanitaire et le militaire ? Il y a une distinction, mais il y a aussi une superposition morale. Les forces de la coalition aujourd’hui utilisent la puissance militaire, mais oeuvrent aussi pour apporter de l’aide et travailler au développement d’une société démocratique. Cette même superposition existent aussi dans de nombreux mouvements islamistes qui combinent au sein d’une même organisation des objectifs militaires, politiques et charitables.</span></p> <p><em><strong>Rony Brauman</strong></em> <span>: Hugo Slim est un idéaliste et je ne le suis pas, au sens où je tente de me situer dans le monde réel et non dans une abstraction. Les soldats soviétiques ont tué un million d’Afghans et les médecins soviétiques en ont soigné un certain nombre. Comme les soldats US au Vietnam et comme les troupes coloniales avant eux. On appelait ça « pacification » au temps de la guerre d’Algérie, « action psychologique » au Vietnam, et « opération militaro-humanitaire » aujourd’hui. Au-delà des étiquettes, cela demeure une stratégie de domination. Il me semble que c’est une nécessité vitale pour les humanitaires d’aujourd’hui de s’affranchir de cette logique de puissance. Pas seulement pour des raisons de principe, mais aussi pour la crédibilité et la clarté de nos actions, qui sont nos seules véritables protections sur le terrain.</span></p> <p>&nbsp;</p> </div> <div class="citation-container"> <div class="field--name-field-citation"> <p> <span>Pour citer ce contenu :</span> <br> Rony Brauman, Hugo Slim, Les ONG au coeur de la polémique sur l’humanitaire, 25 décembre 2004, URL : <a href="https://msf-crash.org/index.php/fr/publications/acteurs-et-pratiques-humanitaires/les-ong-au-coeur-de-la-polemique-sur-lhumanitaire">https://msf-crash.org/index.php/fr/publications/acteurs-et-pratiques-humanitaires/les-ong-au-coeur-de-la-polemique-sur-lhumanitaire</a> </p> </div> </div> <div class="contribution-container"> <div class="field--name-field-contribution"> <p> <span>Si vous souhaitez critiquer ou développer cet article,</span> vous pouvez nous retrouver sur Twitter ou directement sur notre site. </p> <a href="/index.php/fr/contribuer?to=3870" class="button">Contribuer</a> </div> </div> <drupal-render-placeholder callback="flag.link_builder:build" arguments="0=node&amp;1=3870&amp;2=reading_list" token="sVO4VcPfQRR3HTFjDOuZP4tu_MBs8T36E4yt75bGpa8"></drupal-render-placeholder><span class="field field--name-title field--type-string field--label-above">Les ONG au coeur de la polémique sur l’humanitaire</span> Sat, 25 Dec 2004 01:00:00 +0000 Jason-04 3870 at https://msf-crash.org Préface à l’ouvrage "Israël/Palestine, le livre noir" https://msf-crash.org/index.php/fr/publications/acteurs-et-pratiques-humanitaires/preface-louvrage-israelpalestine-le-livre-noir <div class="field field--name-field-publish-date field--type-datetime field--label-inline clearfix"> <div class="field__label">Date de publication</div> <div class="field__item"><time datetime="2002-01-01T12:00:00Z" class="datetime">01/01/2002</time> </div> </div> <span rel="schema:author" class="field field--name-uid field--type-entity-reference field--label-hidden"><span lang="" about="/index.php/fr/user/64" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Corinne-03</span></span> <span property="schema:dateCreated" content="2002-01-01T01:00:00+00:00" class="field field--name-created field--type-created field--label-hidden">mar, 01/01/2002 - 02:00</span> <div class="field field--name-field-tags field--type-entity-reference field--label-hidden field__items"> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/sionisme" property="schema:about" hreflang="fr">sionisme</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/racisme" property="schema:about" hreflang="fr">racisme</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/nations-unies" property="schema:about" hreflang="fr">Nations unies</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/droits-humains" property="schema:about" hreflang="fr">droits humains</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/torture" property="schema:about" hreflang="fr">torture</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/occupation-militaire" property="schema:about" hreflang="fr">occupation militaire</a></div> <div class="field__item"><a href="/index.php/fr/tags/colonisation" property="schema:about" hreflang="fr">colonisation</a></div> </div> <details class="field--type-entity-person js-form-wrapper form-wrapper"> <summary role="button" aria-expanded="false" aria-pressed="false">Rony Brauman</summary><div class="details-wrapper"> <div class="field--type-entity-person js-form-wrapper form-wrapper field field--name-field-authors field--type-entity-reference field--label-hidden field__items"> <div class="field__item"> <article data-history-node-id="3221" role="article" about="/index.php/fr/rony-brauman" class="node node--type-person node--view-mode-embed"> <div class="node__content"> <div class="group-person-profil"> <div class="group-person-image-profil"> <div class="field field--name-field-image field--type-image field--label-hidden field__item"> <img src="/sites/default/files/styles/profile_image/public/2017-04/DSCF4256.jpg?itok=nCrBsaSM" width="180" height="230" alt="Rony Brauman" typeof="foaf:Image" class="image-style-profile-image" /> </div> </div> <div class="group-person-content"> <div class="group-person-firstname-lastname"> <div class="field field--name-field-firstname field--type-string field--label-hidden field__item">Rony</div> <div class="field field--name-field-lastname field--type-string field--label-hidden field__item">Brauman</div> </div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field__item"><p>Médecin, diplômé de médecine tropicale et épidémiologie. Engagé dans l'action humanitaire depuis 1977, il a effectué de nombreuses missions, principalement dans le contexte de déplacements de populations et de conflits armés. Président de Médecins Sans Frontières de 1982 à 1994, il enseigne au Humanitarian and Conflict Response Institute (HCRI) et il est chroniqueur à Alternatives Economiques. Il est l'auteur de nombreux ouvrages et articles, dont "Guerre humanitaires ? Mensonges et Intox" (Textuel, 2018),"La Médecine Humanitaire" (PUF, 2010), "Penser dans l'urgence" (Editions du Seuil, 2006) et "Utopies Sanitaires" (Editions Le Pommier, 2000).</p> </div> <div class="same-author-link"><a href="/index.php/fr/rony-brauman" class="button">Du même auteur</a> </div> </div> </div> </article> </div> </div> </div> </details> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-body field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p>Le conflit du Proche-Orient est le dernier représentant de ces guerres qui polarisent des positions bien au-delà de leurs frontières et de leurs exilés. La Tchétchénie, la Colombie, l’Algérie, le Burundi, les deux Congos, pour ne citer que quelques pays où la torture et les violences contre les civils sont omniprésentes, suscitent nombre de rapports et publications.</p> <p>Il est possible, au prix de quelque effort, de savoir ce qui s’y passe. Il est en revanche impossible d’ignorer l’existence et les rebondissements du conflit israélo-palestinien, tant cette région du monde est présente dans notre actualité et jusque dans notre vie quotidienne. Cette « surexposition » est d’ailleurs un élément de l’affrontement lui-même, comme l’attestent la place des propagandes et la guerre des mots menées par les protagonistes et leurs militants.</p> <p>Rappelons-nous la conférence des ONG de Durban, tenue en septembre 2001 en marge de celle qu’organisait l’ONU sur le racisme, où éclatèrent de multiples incidents. L’une des priorités des ONG était de s’atteler à la constitution de l’inventaire des formes de violences exercées dans le monde sur fond d’exaltation identitaire : les sources et manifestations diverses du racisme, ainsi que les mesures et recours possibles pour prévenir et traiter ce mal, tels étaient les thèmes primordiaux de ce vaste colloque informel. La question des castes, par exemple, a fait l’objet de vives discussions, l’Inde pesant de tout son poids pour que cette forme de discrimination soit écartée de l’ordre du jour, tandis que des ONG, indiennes et internationales, se battaient pour qu’elle y figure.</p> <p>Tout ce travail fut relégué à l’arrière-plan par le conflit israélo-palestinien, qui dévora la conférence des Etats aussi bien que le forum des ONG. Les avocats de la cause israélienne n’y ont rien vu d’autre qu’une manifestation de haine antisémite, habillée des oripeaux de l’antisionisme. Pourtant, sur les cent quatre-vingts paragraphes du texte de la déclaration des ONG, six seulement sont consacrés aux Palestiniens et plusieurs traitent de l'antisémitisme, d’ailleurs décrit comme « la forme de racisme la plus ancienne, la plus pernicieuse et la plus répandue ». Pourquoi « plus pernicieuse et plus répandue » que les autres ? Parce que passions et soupçons dominent ici comme dans aucun autre conflit et poussent à une surenchère sans fin. Dans cette cacophonie assourdissante et cette foire d’empoigne qu’était l’assemblée des ONG, c’est Israël qui s’est retrouvé seul au banc des accusés, tombant sous le coup d’accusations extravagantes, comme celle d’être coupable « d’actes de génocide » à l’encontre des Palestiniens. Cela faisait assurément l’affaire de nombreux Etats arabes, toujours prompts à brandir l’oppression des Palestiniens dans le seul but de faire oublier les exactions dont ils se rendent eux-mêmes coupables.</p> <p>On se souvient que c’est la question complexe et sensible des rapports entre sionisme et racisme qui déclencha les hostilités. Cette question traverse le conflit de part en part et c’est pourquoi, à l’écart des outrances propagandistes qui marquèrent les débats de Durban, il est nécessaire de l’évoquer ici, même brièvement.</p> <p>Rappelons que le sionisme a ceci de particulier qu’il est à la fois un mouvement d’émancipation nationale et un mouvement colonial. Les principes sur lesquels il se fonde n’ont rien de raciste. Mais la Palestine n’était pas un espace vide, contrairement au slogan des fondateurs « Une terre sans peuple pour un peuple sans terre », et l’Etat d’Israël se définit comme « un Etat juif ». D’où le divorce entre la théorie et la pratique, en ce qui concerne les citoyens arabes israéliens (20% de la population israélienne), discriminés par toutes sortes de mesures (accès à la terre, au crédit, à certaines fonctions administratives) tout en bénéficiant des avantages de la démocratie&nbsp;israélienne. Si elles ne figuraient pas dans le projet sioniste, les pratiques de discrimination raciale/religieuse en étaient une conséquence inéluctable, à l’instar des Etats qui mélangent religion et politique, même si elle n’était pas voulue. Dans les territoires occupés – la Cisjordanie et Gaza – la discrimination est totale, permanente, violente comme dans toutes les situations coloniales. De plus, depuis le début de la deuxième Intifada, l’armée et la police israéliennes utilisent à l’encontre des manifestants arabes israéliens les méthodes répressives employées contre le soulèvement palestinien des territoires. On comprend, dans ces conditions, que la question du lien entre « sionisme réel » et racisme trouve naturellement sa place dans un forum international consacré aux pratiques discriminatoires. Mais c’est à l’enjeu plus large de la démocratie et des relations entre religion et Etat que cette question doit renvoyer, faute de quoi elle se réduit à n’être que l’instrument d’un combat contre un pays. C’est ce que nombre d’ONG présentes à Durban, emportées par leurs passions ou des intérêts inavoués et plus bruyantes que représentatives, n’ont pas su ou voulu voir. C’est surtout ce qui, du fait de la charge symbolique exceptionnelle qui pèse sur cette terre « sainte » et d’une occupation qui s’alourdit constamment depuis trente-cinq ans, chauffe les esprits jusqu’à l’incandescence.</p> <p>Dans un tel contexte, ce <em>livre noir </em>ne peut que déplaire aux loyalistes des deux camps, c’est-à-dire à tous ceux qui croient encore que le travestissement et la dissimulation des faits sont indispensables à la défense d’une cause. Pour ceux-là, comme aux pires moments de la guerre froide, l’invocation des droits de l’homme n’est qu’une rhétorique de combat. Les faits et les arguments ne sont pas discutés pour ce qu’ils disent, mais pour ce qu’ils cachent ou pour ce qu’ils induisent. Cette dialectique du soupçon n’est pas enfouie sous les décombres du mur de Berlin. Elle est bien vivante, comme l’attestent les accusations les plus infamantes lancées contre ceux qui refusent de se soumettre à cette logique de camp retranché.</p> <p>La force, et sans doute la limite, des organisations de défense des droits de l’homme, réside cependant dans leur capacité à s’en tenir à la réalité des exactions et abus commis, telle que les enquêtes permettent de la reconstituer. Au-delà – ou en deçà – des appréciations de chacun, la matérialité des faits doit primer sur les préjugés et positions politiques. Vérifiés, colligés, mis en forme, ils offrent une perspective spécifique, voilée aussi bien par les reportages d’actualité que par les analyses géopolitiques et diplomatiques. Ce catalogue de violences et d’injustices n’a pas d’autre objectif, comme les publications analogues concernant d’autres situations, que de « rendre la honte plus honteuse en la livrant à la publicité », selon la célèbre phrase de Marx. Les loyalistes des deux bords lui reprocheront, non sans raison, d’ignorer l’histoire longue et les enjeux du conflit israélo-palestinien, d’établir une symétrie factice dans une situation de déséquilibre radical. Reconnaissons d’emblée que ces critiques sont fondées. Mais elles le sont dans ce contexte comme dans tous les autres, ni plus ni moins et c’est ce qui limite leur portée. Les droits de l’homme ne sont pas une politique, certes, mais quelle politique peut s’abstraire de toute considération pour les droits de l’homme ?</p> <p>La fin de toute politique réside dans ses moyens et nulle part ailleurs. C’est bien pourquoi la torture, les exécutions extra-judiciaires, les attaques contre des civils, pour ne parler que des exactions pratiquées par les deux parties, doivent faire l’objet de condamnations d’ensemble. C’est bien pourquoi, également, les « bombes humaines » palestiniennes et la culture de mort que véhiculent les commanditaires de ces attentats ne peuvent faire l’objet d’aucune complaisance. Même si, à l’évidence, elles sont d’abord le produit du désespoir d’une partie croissante de la jeunesse palestinienne. C’est bien pourquoi, encore, l’occupation militaire et la démolition de la société palestinienne par la colonisation israélienne ne peuvent déboucher que sur d’autres événements désastreux. Nul n’est en mesure de prévoir les développements prochains de ce conflit et moins encore son issue à terme. Reste la conviction que, pour tenter d’enrayer la marche vers l’abîme, la construction d’une vision, d’un récit communs aux Israéliens et aux Palestiniens est indispensable. En rassemblant les enquêtes d’associations israéliennes, palestiniennes et internationales de défense des droits de l’homme, ce livre y apporte une solide contribution.</p> <p>&nbsp;</p> </div> <div class="citation-container"> <div class="field--name-field-citation"> <p> <span>Pour citer ce contenu :</span> <br> Rony Brauman, Préface à l’ouvrage &quot;Israël/Palestine, le livre noir&quot;, 1 janvier 2002, URL : <a href="https://msf-crash.org/index.php/fr/publications/acteurs-et-pratiques-humanitaires/preface-louvrage-israelpalestine-le-livre-noir">https://msf-crash.org/index.php/fr/publications/acteurs-et-pratiques-humanitaires/preface-louvrage-israelpalestine-le-livre-noir</a> </p> </div> </div> <div class="contribution-container"> <div class="field--name-field-contribution"> <p> <span>Si vous souhaitez critiquer ou développer cet article,</span> vous pouvez nous retrouver sur Twitter ou directement sur notre site. </p> <a href="/index.php/fr/contribuer?to=3887" class="button">Contribuer</a> </div> </div> <drupal-render-placeholder callback="flag.link_builder:build" arguments="0=node&amp;1=3887&amp;2=reading_list" token="IQKZjjGNG2lgaxzcgfjY-BqKyTOIfsK1sh_kxbAFAuQ"></drupal-render-placeholder><span class="field field--name-title field--type-string field--label-above">Préface à l’ouvrage &quot;Israël/Palestine, le livre noir&quot;</span> Tue, 01 Jan 2002 01:00:00 +0000 Corinne-03 3887 at https://msf-crash.org